PSA, Michelin, Continental, Delphi, Valeo ou Goodyear: des salariés de l'automobile -1.700 selon la police, 6.000 selon la CGT-, ont défilé jeudi à Paris pour dénoncer devant la Bourse la "logique financière" des groupes industriels du secteur qui licencient face à la crise.
Ils ont réussi à franchir les barrières protégeant le palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris, et se sont massés sur ses escaliers, brandissant fièrement des pancartes disant "stop aux licenciements boursiers" ou "non au chômage partiel".
Quelques participants ont lancé des oeufs sur les forces de l'ordre protégeant l'Autorité des marchés financiers, face à la Bourse.
La manifestation, une initiative revendiquée comme venant de "la base", était soutenue par les fédérations CGT métallurgie et chimie mais le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, n'y a pas participé.
Des personnalités politiques telles Olivier Besancenot (NPA), Cécile Duflot (Verts), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), Arnaud Montebourg (PS), Maxime Gremetz (PCF) et Georges Sarre (MRC) étaient en revanche présentes pour montrer leur "solidarité".
"150.000 emplois supprimés dans la filière automobile, le pognon aux actionnaires, tout ça au nom de la crise, on ne peut le tolérer", répétait au micro un responsable CGT.
"Y'en a ras-le-bol de ces guignols qui licencient et empochent les profits", reprenait la foule de salariés, souvent en tenue de travail, venus de Renault Le Mans ou Cléon, Peugeot-Citroën Aulnay, Ford Blanquefort mais aussi des sous-traitants Freescale Toulouse, Delphi et Valeo.
Les "Conti", dont l'usine de pneumatiques de Clairoix (Oise) est désormais fermée, étaient venus en force réclamer l'"arrêt des poursuites" contre leurs six camarades condamnés à trois à cinq mois de prison avec sursis pour des dégradations commises à la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril.
Pour Xavier Mathieu, l'emblématique leader de leur lutte, "on aimerait que nos confédérations fassent quelque chose, la classe ouvrière en a marre d'en prendre plein la gueule".
Même défiance parmi les autres manifestants: "c'est la base des Goodyear qui est à l'origine de ce rassemblement. On en a marre de ces trois journées par an de manifestations intersyndicales et des négociations des confédérations avec le Medef", selon Jérôme Beauvais, ouvrier à l'usine de pneumatiques Goodyear d'Amiens-Nord, où 820 suppressions d'emplois sont prévues.
Ses collègues ont tagué sur une colonne du palais de la Bourse "Goodyear en force".
De nombreux élus locaux ont accompagné le cortège, dont Francis Lec, conseiller général PS de la Somme, pour qui "le déménagement industriel doit cesser".
"Dans quel camp sont les pouvoirs publics?", s'est interrogé Olivier Besancenot.
Des salariés de Michelin portaient un T-shirt traitant leur employeur de "champion du monde du mensonge". "Un cabinet d'experts a montré que le plan de suppression de 1.093 postes n'est pas justifié économiquement, nous nous réservons le droit d'aller en justice", a fait valoir Serge Allegre (CGT de Saône-et-Loire).
Des salariés de General Motors à Strasbourg, où 198 départs volontaires sont programmés, exprimaient le même ras-le-bol: "parallèlement la direction veut 10% de gains de productivité, y'en a marre de cette pression", pour Christophe Sorriaux.
Des représentants de Total, Téléperformance et Thales, également sous le coup de plans sociaux, ont gonflé les rangs de la manifestation.