La Pologne a insisté mardi pour participer à l'avenir à tous les sommets de la zone euro en compagnie des autres pays de l'UE n'ayant pas encore adopté la monnaie unique, en dépit de l'opposition de la France en particulier.
Cette question est l'un des sujets de friction qui s'annoncent en vue du sommet des dirigeants européens du 30 janvier, où doit être adopté un nouveau traité européen visant à renforcer la discipline budgétaire commune.
Varsovie fait activement campagne avant la réunion pour que les sommets de la zone euro, désormais institutionnalisés, soient élargis aux pays qui n'en font pas partie afin de ne pas créer de divisions au sein de l'Union européenne.
"Ce n'est vraiment pas juste une demande polonaise. C'était peut-être une idée polonaise, mais de très, très nombreux pays ont repris cette idée", a déclaré à la presse le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.
"Tous les pays qui sont à l'extérieur (de la zone euro) et certains qui sont à l'intérieur ont parlé et soutenu activement" la proposition polonaise lors d'une première réunion lundi soir. "Il y avait seulement une voix contre", a-t-il lancé, en visant la France.
La Pologne estime que tous les pays de l'UE amenés à adhérer un jour à l'euro - ce qui est son cas - et ceux qui signeront le traité budgétaire sur le point d'être finalisé doivent participer aux cénacles de l'Union monétaire dans la mesure où des décisions les concernant y seront prises.
Le traité, ou "pacte" budgétaire doit être adopté par les dix-sept pays de la zone euro et neuf autres pays de l'UE. Seule la Grande-Bretagne refuse.
Le ministre français des Finances François Baroin a indiqué que son pays était prêt à soutenir une formule actuellement en discussion, qui verrait les futurs sommets de la zone euro ouverts, au moins une fois par an, aux autres pays signataires du traité.
"Le compromis trouvé (...) est satisfaisant pour nous", a-t-il dit.
Paris, qui milite depuis longtemps pour la création d'un "gouvernement économique" de la zone euro, tient à une gestion bien spécifique de l'Union monétaire et voit dans l'offensive polonaise un risque de dilution du projet.
"La situation est tellement difficile qu'il ne faut pas ajouter des complications institutionnelles à un système de décision laborieux", a de son côté estimé le français Philippe Marini, président de la Commission des finances du Sénat, devant quelques journalistes à Varsovie.
"Je ne crois pas qu'il soit justifié de faire porter à la France une responsabilité qui n'est pas la sienne et qui est partagée par d'autres membres de la zone euro, notamment l'Allemagne", a-t-il ajouté en réponse à une question concernant le débat suscité en Pologne à ce sujet.
Il a assuré vouloir clarifier à l'occasion de son déplacement en Pologne certaines "mauvaises interprétations".
"On a parfois laissé entendre que la France était favorable à une Europe plus petite (...) une Europe plus resserrée autour de son noyau d'origine. C'est totalement faux ", a-t-il affirmé.