Le déficit public de la France en 2011, attendu en recul sensible sur les prévisions initiales, met du baume au coeur du gouvernement après la déconvenue de la perte de la note "triple A" du pays, à moins de trois mois de la présidentielle.
La ministre du Budget Valérie Pécresse, qui intervenait mardi devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, s'est déclarée "d'ores et déjà certaine" que le déficit public "sera substantiellement inférieur à l'objectif de 5,7% du PIB" (Produit intérieur brut) que s'était fixé le gouvernement.
Il sera "même probablement inférieur à 5,5%", a renchéri la ministre du Budget qui s'est félicitée d'une réduction qui pourrait être "la plus forte depuis 1945 d'une année sur l'autre", après les 7% encore affichés en 2010.
Pour l'heure, le gouvernement ne dispose cependant que des chiffres du déficit "définitif" de l'Etat qui s'est établi, a révélé mardi la ministre, à 90,8 milliards d'euros en 2011. C'est 4,6 milliards d'euros de moins que prévu par la dernière loi de finances rectificative.
Le déficit public de la France ne pourra être déterminé précisément qu'à la mi-mars lorsque seront connus les déficits de la sécurité sociale et des collectivités locales qui s'ajoutent à celui de l'Etat.
Au chapitre des bonnes nouvelles, Valérie Pécresse a indiqué que les recettes de l'Etat s'étaient établies en hausse de 1,3 milliard d'euros l'an dernier grâce, en particulier, à une hausse de plus de 19% de l'impôt sur les sociétés, à 39,1 milliards d'euros.
La TVA a également rapporté 3,6% de plus qu'en 2010 à 131,9 milliards d'euros tandis que les impôts dits patrimoniaux (impôts de solidarité sur la fortune, droits de mutation et revenus des capitaux mobiliers) ont enregistré une hausse de 400 millions d'euros.
Dans le même temps, les dépenses de l'Etat (hors dette et pensions) ont reculé de 260 millions d'euros l'an dernier, un fait "tout simplement sans précédent", selon Valérie Pécresse.
L'ensemble des "produits exceptionnels", soit 3,1 milliard d'euros, seront affectés à la réduction du déficit, a-t-elle également souligné.
Ils proviennent à parts quasi égales de prêts bilatéraux à la Grèce moins importants que prévus, de la cession des fréquences de la téléphonie mobile de quatrième génération (4G) ainsi que de différents postes comme les avances au collectivités locales, a-t-elle détaillé.
La réduction sensible du déficit de l'Etat en 2011 avait été anticipée dès le début du mois de janvier par le Premier ministre François Fillon qui le voyait déjà "très probablement inférieur aux 5,7% du PIB".
Le gouvernement le voit à 4,5% du PIB l'an prochain et 3% en 2013 pour un retour progressif à l'équilibre en 2016. Mais le Fonds monétaire international a émis de sérieux doutes mardi sur le réalisme de cette prévision, tablant plutôt sur 4,8% en 2012 et 4,4% en 2013.
Selon Paris, la croissance économique devrait atteindre 1% en 2012 mais cette prévision, là aussi, est jugée optimiste par la plupart des économistes. L'OCDE et l'Insee, en particulier, ont prévu une brève récession en France fin 2011 et début 2012.
Le ministre de l'Economie François Baroin a du reste admis lundi que sa prévision de croissance pourrait être révisée si nécessaire pour être la "plus proche possible" du consensus des économistes.