A un peu plus d'une semaine du 1er tour de l'élection présidentielle, les agences immobilières s'inquiètent de la forte baisse des transactions des logements anciens en France même si la diminution des prix reste limitée, surtout à Paris.
"La baisse des transactions au premier trimestre va vraisemblablement entraîner une chute de 15% à 20% en 2012 mais il est exclu qu'il y ait une diminution des prix supérieure à 5%", a déclaré mercredi René Pallincourt, le président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), mercredi.
Cette estimation, déjà donnée par les notaires le 5 avril et corroborée par le réseau d'agences Century 21, fait suite à une année 2011 qui avait établi un record de 837.000 transactions, grâce principalement à la province (710.000).
Les acheteurs ont profité l'an passé d'une "fenêtre de tir" favorable avant la hausse de la fiscalité sur les plus-values et du resserrement des conditions de crédit de la part des banques ainsi que de taux d'intérêt favorables.
Pour cette année, Bernard Cadeau, président du réseau Orpi, préfère tabler sur un volume de transactions en retrait de 10% à 15% et d'une baisse des prix comprise entre 3% et 5%, alors que la hausse a atteint 6,5% en 2011 selon la Fnaim.
Le président de Century 21 Laurent Vimont parie même sur un maintien des prix en 2012 au même niveau qu'en 2011. "On sort de la frénésie et on revient à la raison. Mais la baisse n'est pas durable car la demande de logement est forte", a-t-il affirmé à l'AFP.
Pourtant "pour 44% des candidats à l'accession à la propriété, une baisse des prix est inéluctable dans les 6 prochains mois", selon une enquête TNS-Sofres publiée mercredi par le site internet Logic-immo.com.
Mais, prévient M. Pallincourt, "s'il n'y a pas de nouvelles mesures prises par le nouveau gouvernement, après les élections législatives, on risque des conséquences graves et de voir la crise du logement se transformer en crise de l'immobilier, avec une forte baisse de l'activité du bâtiment".
Sept régions en hausse
Surtout que le crédit immobilier vit depuis le début d'année "une descente aux enfers". Selon la Banque de France, le montant des crédits à l'habitat accordés en février a été le plus faible depuis 32 mois, affichant une baisse de 41% par rapport à janvier et de 49% par rapport à février 2011.
Conséquence: le nombre de transactions de logements anciens réalisé par Century 21 en France a baissé de 11,4% entre les premiers trimestres 2011 et 2012. Cette chute est encore plus élevée en Ile-de-France (-15,5%) et à Paris (-17,4%).
Dans le même temps, les prix baissent relativement peu. Le prix moyen du m2 des biens vendus par Century 21 recule seulement de 2,1% entre le second semestre 2011 et le premier trimestre 2012, pour se situer à 2.578 euros/m2. Paris, avec un infime repli de 0,1%, résiste encore plus à cette tendance.
Sept régions, qui avaient toutefois presque toutes enregistré une baisse en 2011, sont même en progression: Bretagne, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Languedoc-Roussillon, Limousin et Lorraine.
Cette persistance de prix élevés pour les Français cherchant à se loger inquiète même les entreprises et le Medef.
Une étude du Credoc, réalisée pour le compte de l'organisation patronale et publiée mercredi, démontre que ces difficultés commencent à retentir sur la bonne marche des entreprises: 40% disent en être affectées du fait des complications pour le recrutement ou la mobilité interne des salariés.