Le Fonds monétaire international a chiffré mercredi le reflux à venir du crédit en Europe, qui menace de déprimer de 1,4% l'activité économique sur le continent.
Selon son "Rapport sur la stabilité financière dans le monde" semestriel, les 58 plus grandes banques de l'Union européenne devraient réduire leur bilan d'un montant compris entre 2.200 et 3.800 milliards de dollars de septembre 2011 à fin 2013.
L'hypothèse centrale est de 2.600 milliards de dollars, soit 2.000 milliards d'euros.
"Les pressions sur les banques européennes restent élevées. Elles font face aux risques de la dette publique, à une croissance économique faible, à une hausse des exigences lors du renouvellement de leurs emprunts arrivant à maturité et à la nécessité de renforcer leurs réserves pour regagner la confiance des investisseurs", ont écrit les économistes du FMI.
"Il est essentiel de continuer à éviter de tailler simultanément, à grande échelle et brutalement dans les bilans, ce qui pourrait causer des dégâts graves sur la valeur des actifs, l'offre de crédit et l'activité économique en Europe et au-delà", ont-ils ajouté.
Beaucoup dépendra des gouvernements et de leurs mesures pour le secteur financier.
"La réponse politique à la crise qui se déroule sous nos yeux dans la zone euro a été sans précédent dans son envergure et sa portée. Pourtant, la question-clé reste de savoir si assez de choses ont été faites pour assurer la stabilité", a expliqué le FMI.
Il fait trois projections: des politiques inchangées, un scénario du pire où les politiques annoncées ne sont pas mises en oeuvre, et une hypothèse meilleure où les gouvernements européens suivent les recommandations de l'institution.
Le premier cas est celui retenu dans les prévisions économiques du Fonds: un recul du produit intérieur brut de la zone euro de 0,3% en 2012, avant une croissance de 0,9% en 2013.
Dans le meilleur cas, le niveau du PIB serait relevé de 0,6% fin 2013 par rapport à la prévision centrale. Dans le pire des cas, où "les politiques nationales fléchissent" et "la solidarité politique soutenant la zone euro part en lambeaux", il serait réduit de 1,4%, soit une récession longue.
Les conseils du FMI sont de "renforcer encore le dispositif de gestion de la crise, poursuivre la restructuration des banques, et s'engager à mettre en oeuvre un plan de route pour une union monétaire plus intégrée financièrement et budgétairement".
Il envisage que les fonds européens puissent recapitaliser les banques viables: "Pour briser le cercle vicieux entre Etats et banques, les dispositifs constitutifs du pare-feu de la zone euro devraient aussi être autorisés à injecter des capitaux directement dans les banques si la situation le justifie".
La directrice générale du FMI Christine Lagarde avait défendu cette proposition dans un discours mardi, bien qu'elle risque d'être peu populaire. En Europe comme ailleurs dans le monde, les opinions publiques sont hostiles à l'idée que l'argent public aille au sauvetage de banques.
Pour le Fonds, il en va de la santé de l'économie. D'après lui, "les étapes précédentes de la crise financière laissent penser que le crédit aux entreprises européennes devrait s'avérer un point de pression particulier" si les banques réduisent leur voilure à un rythme trop élevé.