Deux plaintes pour blanchiment ont été déposées contre des dirigeants du géant français des cosmétiques L'Oréal par un ancien distributeur du groupe, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Ces plaintes, déposées les 26 mai et 15 juin 2011 auprès du doyen des juges d'instruction du pôle financier de Paris, avec constitution de partie civile, n'ont pas entraîné l'ouverture d'une enquête, a ajouté cette source.
Elles ont fait l'objet de demandes de précisions en août 2011 et février 2012. Selon cette source, Le magistrat, en l'attente de l'avis du parquet, n'a pas ouvert d'information judiciaire, contrairement à ce qu'avait affirmé une source proche de l'enquête.
Le parquet de Paris avait classé sans suite, en avril 2011, les plaintes de Janez Mercun, ancien distributeur de produits L'Oréal contre l'ex-patron du groupe, Lindsay Owen-Jones.
M. Mercun, distributeur exclusif de certaines marques de L'Oréal de 1974 à 1999 dans la zone de l'ex-Union soviétique, avait porté plainte notamment pour blanchiment aggravé et corruption, accusant M. Owen-Jones d'avoir mis en place un circuit de distribution parallèle dans les années 1990.
Selon M. Mercun, L'Oréal avait décidé, fin 1996, de mettre en place un système parallèle de distribution qui alimentait selon lui la Russie, l'Ukraine et la Biélorussie, occasionnant un manque à gagner pour L'Oréal de 34 millions de dollars. Pour M. Mercun, ces produits avaient été distribués avec "l'aide du crime organisé".
Le parquet avait classé sa plainte estimant notamment que les faits reprochés étaient "couverts par la prescription".
"Il s'agit d'un différend commercial ancien qui date de 1998 et qui a déjà été jugé. Les tribunaux ont donné raison à L'Oréal à cinq reprises", a réagi une porte-parole de L'Oréal.
"Les faits sont avérés, on va découvrir beaucoup de choses sur des comptes suisses", a estimé l'avocat de M. Mercun, Me Frederik-Karel Canoy.
"Ces accusations infondées et médiatisées à chaque étape de la procédure, visent à tenter de réactiver artificiellement une nouvelle fois ce dossier", a estimé la porte-parole du leader mondial des cosmétiques.
Le groupe "a porté plainte pour dénonciation calomnieuse en 2011 pour faire cesser ces attaques injustes qui tentent de porter atteinte à notre réputation", a-t-elle ajouté.
Le parquet peut de nouveau se prononcer pour le classement de la plainte, il peut aussi "réorienter sa position", a précisé la source judiciaire. Quoi qu'il en soit, le doyen des juges n'est pas lié par l'avis du parquet. Il pourra, ou non, décider d'ouvrir une information judicaire et la confier à un juge d'instruction.