Le numéro un allemand de l'acier ThyssenKrupp a annoncé mardi qu'il pourrait vendre deux usines au Brésil et aux Etats-Unis, mettant fin à un rêve américain dans lequel il a englouti plusieurs milliards d'euros.
Les deux sites, rassemblés dans la division "Steel Americas", sont valorisés à 7 milliards d'euros dans les comptes de l'entreprise.
L'annonce a permis à l'action de la société, en baisse de plus de 5% par moment mardi en séance, de sauver sa journée: elle menait l'indice Dax vers 15h00 GMT, gagnant 1,46% à 16,00 euros. Depuis que ThyssenKrupp s'est lancé dans son aventure américaine, il y a cinq ans, elle a perdu plus de 60%.
"Le directoire a décidé d'examiner toutes les options pour ces deux usines. Cela peut être un partenariat ou une cession au plus offrant", a fait savoir ThyssenKrupp dans un communiqué, sans préciser de calendrier.
Le groupe explique que le coût de production au Brésil a beaucoup augmenté alors que le prix de vente aux Etats-Unis a dégringolé, remettant en cause sa stratégie décidée en 2007.
L'idée alors était d'opérer un haut-fourneau à bas coût à Rio de Janeiro avant d'expédier l'acier à Mobile (Alabama), où il serait transformé et revendu à bon prix sur le marché américain, en particulier à l'industrie automobile.
"En plus de l'affaiblissement conjoncturel général, il faut prendre en compte les dynamiques de croissance divergentes. Tandis que l'économie américaine se développe sans dynamisme significatif, le Brésil connaît une croissance forte", constate l'aciériste.
Le groupe a néanmoins assuré dans son communiqué qu'il continuait "à travailler intensément" pour faire démarrer les deux sites, dans lesquels il a déjà investi à ce jour plus de 10 milliards d'euros.
Au deuxième trimestre de son exercice fiscal, c'est à dire de janvier à fin mars, ThyssenKrupp a vu ses résultats une nouvelle fois plombés par le dérapage des coûts aux Etats-Unis et au Brésil.
A 587 millions d'euros, sa perte nette trimestrielle surpasse nettement les attentes des analystes, qui tablaient sur une perte de 36 millions d'euros.
Sur l'exercice fiscal 2010/2011, la division "Steel Americas" avait déjà valu à la société une perte nette de 1,8 milliard d'euros.
Ces pertes à répétition ont forcé l'ancien patron Ekkehard Schulz, qui avait validé ces investissements, à céder sa place de président du conseil de surveillance, l'organe de contrôle de la société.
Si jamais ThyssenKrupp venait à vendre ces deux usines, il s'éloignerait encore un peu plus de son passé de pur aciériste.
La société, qui s'est très fortement diversifiée au cours de ces dernières années, ne réalise désormais plus qu'environ un tiers de son chiffre d'affaires dans l'acier.
ThyssenKrupp fabrique des ascenseurs aussi bien que des sous-marins, et vend également des services industriels.
Il s'est déjà débarrassé cette année de sa filiale d'acier inoxydable Inoxum, cédée au finlandais Outokumpu, afin en particulier d'éponger un peu son énorme dette.