Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a lancé mercredi à Paris un appel discret à la Banque centrale européenne (BCE) pour qu'elle aide son pays à mieux se financer sur le marché de la dette, mais a confirmé qu'il n'était pas preneur d'une aide européenne pour ses banques.
"Nous ne pouvons pas continuer à vivre avec de telles différences de taux d'emprunt", a déclaré M. Rajoy, lors d'un point de presse commun avec le président François Hollande, qui l'a reçu à déjeuner. Le taux espagnol de l'emprunt à dix ans dépasse les 6%, quand celui de l'Allemagne est inférieur à 1,4%.
"Ces différences pourraient ne pas nous permettre de parvenir à nos objectifs en matière de déficit, c'est très important, et c'est peut-être l'élément le plus important à mes yeux", a-t-il poursuivi. M. Rajoy a toutefois rejeté l'idée d'une intervention des fonds de secours européens, comme le Fonds européen de stabilité financière ou le Mécanisme européen de stabilité (MES), appelé à le remplacer, pour remédier à ce problème.
"Il y a des instruments plus rapides que les fonds européens ou le MES, qui entrera en vigueur bientôt, pour résoudre les problèmes de financement et de liquidités", a-t-il précisé, dans une allusion à la BCE, seule institution pouvant rapidement intervenir sur le marché de la dette en Europe.
Revenant sur la situation difficile des banques espagnoles, le Premier ministre a reconnu qu'elle nécessiterait probablement une recapitalisation, "mais, à ce jour, le gouvernement n'a ni intérêt ni aucune intention de recourir à un quelconque fonds européen ou à tout autre organisme", a réaffirmé M. Rajoy.
M. Hollande s'était déclaré favorable, la semaine passée à Washington, à l'intervention de "mécanismes de solidarité européenne" pour soutenir l'effort de recapitalisation des banques espagnoles, s'attirant aussitôt un démenti de Madrid.
Le secteur bancaire espagnol est fragilisé depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. Il accumulait, fin 2011, 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers problématiques -car de valeur incertaine-, soit 60% de son portefeuille.
Selon l'Institut de la finance internationale (IIF), les pertes des banques espagnoles pourraient atteindre 260 milliards d'euros (332 milliards de dollars) et le secteur pourrait avoir besoin de 60 milliards d'euros pour rester à flot.