L'économie française semble traverser un trou d'air, et pourrait même, selon la Banque de France, faire un premier pas vers une nouvelle récession, ce qui risque de compliquer la tâche du gouvernement au moment de prendre ses premières décisions budgétaires.
La Banque de France, qui s'attendait jusque-là à une croissance nulle au deuxième trimestre, comme au premier, a dû revoir mercredi ses prévisions à la baisse. Dans sa deuxième estimation, elle table désormais sur un recul du produit intérieur brut (PIB) de 0,1% au printemps.
Il s'agirait, si cette prévision se concrétise, du premier trimestre de contraction de l'économie depuis que la France est sortie de la récession au printemps 2009 -- l'ancien président Nicolas Sarkozy se targuait encore, début mai en pleine campagne électorale, d'avoir réussi à éviter une telle rechute.
Ce serait aussi un premier pas vers une nouvelle récession, dont la définition technique correspond à deux trimestres consécutifs de recul du PIB.
Dans ses dernières prévisions, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) tablait sur un léger rebond de 0,2% au deuxième trimestre. Mais elles remontent au mois de mars et, depuis, plusieurs indicateurs ont fait état d'une nouvelle dégradation économique.
Ainsi, le PMI, un indicateur avancé de la conjoncture considéré comme fiable par les analystes, a relevé en avril et mai une contraction de plus en plus rapide de l'activité du secteur privé français. Le cabinet Markit, qui publie cet indice, prévoit aussi un recul du PIB au deuxième trimestre.
- "Nous prendrons les mesures utiles" -
De la même manière, l'enquête de conjoncture de la Banque de France signale un repli de l'industrie et des services en mai, même si une amélioration est jugée possible "dans les prochaines semaines".
Enfin, le déficit commercial de la France s'est creusé de plus de 200 millions d'euros en avril par rapport au mois précédent, en partie du fait d'un recul passager dans l'aéronautique, atteignant 5,801 milliards d'euros, ont annoncé vendredi les Douanes.
La patronne des patrons a résumé le sentiment des entreprises, faisant état d'une détérioration "frappante" et "surprise" de l'économie "depuis un mois". "Ce qui est préoccupant, c'est que la situation économique se dégrade, elle se dégrade même assez vite", a déclaré mercredi Laurence Parisot. La présidente du Medef a égrené les "symptômes": "affaiblissement des carnets de commandes de nos entreprises", "fragilisation des trésoreries" et investissements mis entre parenthèses.
Cette nouvelle donne n'arrange pas le gouvernement. Le nouveau président François Hollande a bâti son projet, et sa promesse de réduction du déficit public de la France, sur une hypothèse se croissance de 0,5% en 2012, qui serait mise à mal par une récession.
Or, le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici a reconnu mercredi que "l'évolution spontanée" des comptes publics aboutirait, si rien n'est fait, à un déficit de 5% du PIB en 2012, alors que la France s'est engagée à le ramener à 4,5%. "Nous prendrons les mesures utiles", a-t-il assuré.
Cela signifie que le gouvernement devra adopter dès début juillet un tour de vis budgétaire pour rectifier le tir dans l'année en cours. L'équation serait encore plus complexe si la croissance ne se relevait pas rapidement.
Et sans rebond économique dans la seconde moitié de l'année, l'objectif de croissance pour 2013, fixé à 1,7% par François Hollande, serait très difficile à tenir.