La première interview télévisée du 14 juillet du président François Hollande a été regardée par 9,3 millions de téléspecteurs, ont annoncé dimanche TF1 et France 2 qui retransmettaient l'entretien.
En direct de l'Hôtel de la Marine place de la Concorde, le président était interrogé par Claire Chazal (TF1) et Laurent Delahousse (France 2) à l'issue du traditionnel défilé militaire de la Fête nationale. Pour suivre l'interview, cinq millions de personnes avaient opté pour TF1 et 4,3 millions pour France 2.
François Hollande s'est voulu volontariste samedi, lors de cette intervention télévisée, sur le dossier PSA, dont il a accusé la direction de "mensonge", en promettant l'intervention de l'Etat et a assuré que "les affaires privées se régleraient en privé" après l'imbroglio créé par le tweet de sa compagne.
Après avoir multiplié les rendez-vous internationaux depuis son investiture, le chef de l'Etat a répondu samedi durant trois quarts d'heure aux questions de Claire Chazal (TF1) et Laurent Delahousse (France 2) depuis l'Hôtel de la Marine, et non de l'Elysée comme ses prédécesseurs. "Je l'avais dit dans la campagne: je répondrai aux questions des journalistes dans un lieu qui ne soit pas le palais de l'Elysée pour qu'il y ait la plus grande liberté", a expliqué M. Hollande.
M. Hollande était particulièrement attendu sur la scène nationale, sur fond de crise économique et de plans sociaux en cascade.
Sur le dossier emblématique de PSA, qui vient d'annoncer des fermetures d'usines et 8.000 suppressions d'emploi, le président a redit que le plan de restructuration était "en l'état inacceptable" et devait être "renégocié". Il s'est montré particulièrement virulent à l'égard de la direction du groupe, accusée de "mensonge", et d'avoir reporté l'annonce du plan à l'après-présidentielle.
"Ce plan était déjà une rumeur il y a quelques mois, la direction de Peugeot a nié qu'elle était dans la réflexion de ce plan", a-t-il dit.
De son côté, dans un entretien à paraître dans le Journal du Dimanche, l'ex-ministre de l'Economie François Baroin (UMP) a affirmé qu'"il n'avait jamais été question d'un plan de cette ampleur" chez PSA lorsqu'il était au gouvernement.
Alors que d'autres plans sociaux devraient intervenir dans les prochains mois, le chef de l'Etat a assuré que l'emploi et le "redressement productif" et industriel figuraient parmi ses priorités au même titre que la réduction de la dette.
"Oui, la première priorité c'est l'emploi. Tout doit être engagé pour que l'emploi soit le plus haut possible à la fin de mon quinquennat", a-t-il déclaré.
Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé n'a vu qu'une série d'"esquives" dans ces engagements, reprochant au chef de l'Etat de renvoyer "toutes les décisions à plus tard". M. Hollande veut tout simplement "gagner du temps", a critiqué l'ex-ministre Xavier Bertrand tandis que Christian Estrosi a dénoncé "mauvaise foi, mensonges et démagogie !".
Pour le Front national, le président n'a "apporté aucune réponse aux préoccupations des Français".
A gauche, la première secrétaire du PS Martine Aubry a salué "détermination et volontarisme" pour fixer "le nouveau cap de la France".
Au centre, Marielle de Sarnez (MoDem) a salué la volonté "d'apaisement et de réconciliation" de M. Hollande, tout en estimant qu'il s'était davantage livré à "des déclarations d'intention" qu'à "la définition d'une politique".
En dépit du gel des dépenses et des suppressions de postes dans certains ministères non prioritaires, M. Hollande a de nouveau récusé le terme de "rigueur", lui préférant celui d'"effort juste". Les catégories les plus favorisées seront les plus sollicitées, et non les "classes moyennes".
M. Hollande a redit son opposition à l'introduction dans la Constitution d'une "règle d'or" de retour à l'équilibre budgétaire". Il a précisé que cela se ferait "dans le cadre d'une loi organique".
Il a en outre annoncé la création d'une commission de moralisation de la vie politique, qui sera présidée par l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Il a aussi justifié la nomination de son ami Jean-Pierre Jouyet à la tête de la Caisse des dépôts et consignations. "C'est le meilleur à cet endroit-là", a-t-il assuré à propos de son ancien condisciple de l'Ena.
Interrogé sur le tweet de sa compagne, Valérie Trierweiler, et les propos peu amènes de son fils Thomas à l'égard de celle-ci, il a répondu: "Les affaires privées se règlent en privé. Et je l'ai dit à mes proches pour qu'ils acceptent scrupuleusement ce principe".
"Je pense que les Français sont comme moi, ils veulent que les choses soient claires, qu'il n'y ait aucune interférence" entre vie privée et vie publique, a-t-il ajouté.