Le plan d'aide à la filière automobile passera par un "soutien massif" aux véhicules "innovants et propres", mais le gouvernement exigera des "contreparties" des constructeurs, a annoncé mercredi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.
"On n'a rien sans rien, on donne des aides publiques, les contribuables sont aux côtés d'une entreprise pour l'aider à se redresser, à se sauver et à réussir, eh bien il y a des contreparties", a prévenu sur France Inter M. Montebourg, qui doit présenter son plan d'aide à la filière automobile le 25 juillet.
Ce plan, n'est "pas prêt" et "encore en discussions au sein de l'exécutif", mais M. Montebourg en a déjà dévoilé certaines grandes lignes.
"Nous écartons la prime à la casse et nous nous dirigeons vers des formes de soutien massif vers les véhicules innovants et propres, hybrides et électriques", a-t-il ainsi expliqué. "Nous sommes très tentés d'accentuer les mesures liées au bonus malus écologique", a-t-il ajouté.
"Nous avons là un avantage compétitif et comparatif très fort en France, chez nos constructeurs français", a expliqué M. Montebourg. Renault a fait de l'électrique un axe majeur de son développement, tandis que PSA Peugeot Citroën privilégie l'hybride.
"Nous souhaitons pousser cet avantage donc finalement favoriser les constructeurs qui travaillent sur le territoire français", a-t-il dit.
"Nous n'avons dans le système bruxellois pas le droit de favoriser telle ou telle implantation" pour soutenir directement l'emploi en France, a-t-il cependant souligné.
Pour soutenir les ventes d'automobiles, il dit "réfléchir à une bonne mesure qui permette d'imaginer que les Français puissent accéder à la voiture moins cher", sans trop accentuer "l'endettement des ménages", mais refuse de livrer des détails.
M. Montebourg a attaqué le gouvernement précédent sur les prêts accordés aux constructeurs, "sans aucune contrepartie" selon lui.
En 2009, le gouvernement avait prêté 6 milliards d'euros à taux préférentiels à Renault et PSA Peugeot Citroën, mais avec pour contrepartie le maintien de tous leurs sites en France.
M. Montebourg dit aussi "tirer les leçons de l'échec" de la prime à la casse versée entre fin 2008 et 2010. Au départ fixée à 1.000 euros, puis progressivement réduite à 700 euros puis 500 euros, elle s'était révélée beaucoup plus lourde pour les caisses de l'Etat que les 220 millions d'euros prévus au départ, avec un coût final de plus d'un milliard d'euros.
Elle avait stimulé les ventes de voitures de l'ensemble des constructeurs, particulièrement en 2010, mais le marché était reparti à la baisse l'année suivante.
Pour M. Montebourg, une telle prime revient "en quelque sorte à financer avec de l'argent que l'on n'a pas la fabrication de voitures qu'on ne fabrique plus ou qu'on ne fabrique pas".
Dimanche, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, avait annoncé que le plan du gouvernement "ne serait pas un +plan Peugeot+ mais un plan pour toute la filière, PSA, Renault et la sous-traitance". "Nous ne sommes pas démunis", avait-il assuré.
Ce plan fait suite au choc de la suppression annoncée par PSA de 8.000 postes en France, avec la fermeture en 2014 de l'usine d'Aulnay en Seine-Saint-Denis (3.000 salariés) et la disparition de 1.400 nouveaux postes à Rennes. Hors production, ce sont 3.600 postes qui vont être supprimés.