On saura ce lundi si la baisse de jusqu'à six centimes par litre des prix des carburants annoncée la semaine dernière a bien été efficace, et si elle a permis d'enrayer l'envolée du gazole et de l'essence vers de nouveaux records, comme s'y était engagé le gouvernement.
Les relevés hebdomadaires officiels des prix à la pompe, qui seront diffusés en fin de journée par le ministère de l'Ecologie et de l'Energie, confirmeront si la baisse a été appliquée globalement et quelle aura été son ampleur.
Conformément à sa promesse, le gouvernement a baissé mercredi dernier de 3 centimes par litre les taxes sur le gazole, et négocié avec les industriels un coup de pouce supplémentaire d'un à trois centimes, selon leurs possibilités.
Le dispositif devait se traduire par une baisse globale allant jusqu'à 6 centimes, selon les points de vente.
La plupart des enseignes de grande distribution et les pétroliers comme Total s'étaient engagés la semaine dernière à rogner sur leurs marges mais certains détaillants (principalement les indépendants) avaient dit ne pas pouvoir se le permettre.
Nouveau record
Avant l'entrée en vigueur de ces mesures, le prix moyen du gazole en France avait atteint un nouveau record historique selon les données du gouvernement, à 1,4592 euro le litre, et ceux de l'essence étaient remontés à un centime et demi seulement de leurs propres sommets établis en avril.
Sans attendre le verdict officiel, le site carbeo.com, un service de comparaison des prix dans les stations-service qui s'appuie en partie sur des relevés effectués par les automobilistes, a rapporté lundi que les prix à la pompe s'étaient bel et bien assagis ces derniers jours.
Selon un communiqué de Carbeo, les carburants ont reculé depuis mercredi de 5 à 6 centimes par litre. D'après le site, le gazole a baissé de 5,7 centimes, l'essence sans plomb 95 de 5,9 centimes et le sans plomb 98 de 5,1 centimes.
La durée en question
"La baisse constatée, juste après les décisions (du gouvernement), a été amplifiée en fin de semaine et particulièrement samedi 1er septembre, date à laquelle certaines enseignes de la grande distribution ont mis en oeuvre leur opération +prix coûtant+", explique le site.
Carbeo précise que certaines stations sont même allées jusqu'à baisser leurs prix de 10 centimes, et ajoute que les cours du pétrole brut, plutôt stables ces derniers jours, n'ont pas contribué à cette évolution.
L'annonce de la baisse avait été accueillie de manière mitigée par les associations de consommateurs, qui la jugeaient insuffisante. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a lui-même reconnu jeudi qu'elle n'était "sans doute pas à la hauteur de tous ceux qui ont besoin de leur voiture".
Au-delà de sa mise en place effective, il faudra vérifier si la baisse tiendra dans la durée. Elle doit s'appliquer pendant trois mois, le temps pour le gouvernement de mettre en place un dispositif pérenne contre la cherté des carburants (sans doute sous la forme d'aides ciblées).
Mais le mode d'action retenu fait qu'en cas de renchérissement brutal des cours du brut dans les semaines qui viennent, ou de forte dépréciation de la valeur de l'euro (qui renchérirait mécaniquement les importations de pétrole, payées en dollar), les prix à la pompe risquent de regrimper de plus belle.
Contrairement au blocage des prix prôné par François Hollande avant son élection et que le gouvernement a finalement écarté, les stations-service pourront en effet adapter leurs tarifs à leur guise au gré des variations des prix du brut.
Et ces derniers pourraient s'emballer à tout moment, par exemple en cas de frappe militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, un scénario qui agite de plus en plus le Moyen-Orient.