La Commission européenne a autorisé vendredi la fusion entre EMI Music et Universal --deux des quatre majors mondiales dans l'industrie musicale-- en échange de cessions de plusieurs labels musicaux dont Parlophone, l'emblématique maison de disques du groupe Coldplay.
Cette fusion était un dossier sensible pour Bruxelles, chargé de la concurrence en Europe. Après l'absorption d'EMI par Universal, il ne restera plus que trois grands groupes de musique dans le monde avec Sony et Warner.
"Ce fut une des plus difficiles négociations que j'ai eu à mener", a admis vendredi le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia.
Pourtant, "nous sommes habitués à négocier avec cette industrie mais la dimension culturelle crée des difficultés", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Bruxelles, avant de saluer une "issue positive".
Au terme d'une enquête approfondie, Bruxelles a autorisé le rachat d'EMI par Universal Music --filiale du groupe français Vivendi-- à condition que ce dernier cède une grosse partie des labels musicaux et des droits de sa cible.
"Les engagements très importants proposés par Universal permettront de maintenir la concurrence dans le secteur de la musique et les consommateurs européens pourront ainsi continuer à bénéficier de tous ces avantages", s'est félicité M. Almunia. Ces cessions correspondent à deux tiers du chiffre d'affaires d'EMI en Europe. Au bout du compte, la part de marché de la nouvelle entité sera de 37% sur le Vieux continent.
Principal actif qu'Universal s'est engagé à céder : EMI Recording Limited, qui possède le label Parlophone, la maison de disques de Coldplay, Kylie Minogue, Pink Floyd, David Bowie ou encore de Tina Turner.
Universal a également accepté de se séparer d'EMI France (propriétaire du catalogue de David Guetta), des labels de musique classique d'EMI, de Chrysalis (la maison de disques de Depeche Mode et de Moby) et de plusieurs autres labels.
En revanche, le groupe né du rapprochement EMI/Universal va conserver dans son escarcelle le précieux catalogue des Beatles, a souligné M. Almunia.
Ces importantes concessions ont été exigées car Bruxelles "craignait que l'opération, telle qu'envisagée initialement, "ne confère à Universal un pouvoir excessif sur le marché vis-à-vis de ses clients directs, qui revendent au détail de la musique enregistrée sur support physique et numérique".
Afin de maintenir une certaine compétition dans le secteur, Bruxelles souhaiterait que deux tiers des actifs cédés soient rachetés par un groupe unique et le tiers restant par d'autres acteurs.
Malgré ces précautions, le feu vert de Bruxelles a suscité la colère des producteurs indépendants réunis au sein de l'association Impala.
"Cette décision renforce une situation de duopole (après le feu vert de Bruxelles à la fusion de Sony/EMI). Allant à l'encontre des principes élémentaires de concurrence, les artistes et les consommateurs vont au final payer le prix" de cette fusion, a réagi Helen Smith d'Impala dans un communiqué.
En avril dernier, la Commission européenne avait autorisé le Japonais Sony à racheter les activités d'EMI dans l'édition musicale.
Fin 2011, la banque Citigroup avait annoncé simultanément le rachat d'EMI Music par son concurrent Universal Music pour 1,2 milliard de livres (environ 1,5 milliard d'euros), et celle d'EMI Music Publishing à un groupe d'investisseurs emmené par Sony.
Parallèlement, la Commission américaine du commerce (FTC) a de son côté annoncé vendredi qu'elle mettait fin à son examen de la fusion Universal-Emi, donnant ainsi sa bénédiction à l'opération.