La Grèce a averti mardi ses créanciers qu'elle risquait la faillite s'ils ne se mettaient pas d'accord rapidement pour lui verser une aide financière bloquée depuis des mois, faisant monter la pression après une réunion de la zone euro peu concluante.
"Nous devons faire attention. Je comprends qu'on fasse pression pour que la Grèce mette en oeuvre les mesures demandées en échange de l'aide, mais maintenant le risque d'accident est très élevé", a mis en garde le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, devant les députés européens à qui il était venu expliquer la situation dramatique dans laquelle est plongé son pays.
"Nous résistons de notre mieux mais il y a des limites que nous ne pourrons pas franchir", a-t-il ajouté, craignant qu'un nouveau délai de ses créanciers dans le déblocage de l'aide ne débouche sur une cessation de paiement.
Les ministres des Finances de la zone euro ont décidé lundi soir de s'accorder huit jours de plus pour trouver un accord sur le déblocage d'une ligne de crédit. Ils se retrouveront mardi à Bruxelles.
"Notre objectif est d'atteindre un accord de principe le 20 novembre de façon à pouvoir le soumettre ensuite pour validation, puis (de mettre en route) la procédure de déboursement d'ici à la fin de ce mois", a précisé mardi le ministre français des Finances, Pierre Moscovici.
Il faudra donc probablement une autre réunion, téléphonique ou physique, en plus de celle du 20 novembre pour finaliser l'accord.
La Grèce doit recevoir le soutien "promis" de l'Europe et du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré de son côté le président français François Hollande lors d'une conférence de presse à Paris. "La Grèce ne peut pas faire davantage que ce qui lui était exigé", a-t-il ajouté.
Dans l'immédiat, le pays plongé depuis fin 2009 dans une crise financière inextricable est sauvé du défaut de paiement. Athènes a en effet levé mardi 4,062 milliards d'euros en titres à très court terme, ce qui doit lui permettre de rembourser vendredi quelque 5 milliards de créances - une échéance un temps présentée comme potentiellement fatale.
Mais au bord de l'asphyxie, la Grèce ne tiendra pas longtemps sans financement extérieur. L'aide de ses créanciers comprend au total une tranche de 31,2 milliards d'euros, une autre de 5 milliards qui devait être versée au troisième trimestre et une dernière de 8,3 milliards d'euros pour le quatrième trimestre.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a jugé mardi "logique" de réfléchir à un versement simultané, soit 44,5 milliards d'euros, à condition toutefois qu'un mécanisme de contrôle soit mis en place pour s'assurer que le programme d'ajustement grec reste dans les clous.
Mais avant cela, les créanciers de la Grèce - Union européenne et Fonds monétaire international (FMI) - doivent s'entendre sur la façon de combler un trou de financement de 32,6 milliards d'euros et d'assurer la viabilité de la dette grecque, qui menace d'atteindre 190% en 2014. Un niveau insoutenable.
Sur ce dernier point, le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, prône une extension de deux ans pour ramener la dette à 120% du PIB. Cet objectif devrait donc être atteint en 2022 au lieu de 2020, selon lui. Une position que ne partagent pas du tout le FMI et l'Allemagne, comme l'a indiqué mardi M. Schäuble.
Dans ce contexte tendu, le Premier ministre grec était mardi à Bruxelles pour presser les Européens de trouver une solution. Il a rencontré le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, après un entretien avec le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso. Aucune information n'a filtré sur ces entretiens.
De leur côté, les ministres des Finances français et allemand ont profité mardi d'une réunion avec leurs homologues européens à Bruxelles pour réaffirmer ensemble qu'il n'y avait "aucun flottement" au sein du couple franco-allemand.
"Nous avons confiance dans la politique du gouvernement français. On ne donne pas des notes aux autres... On se fait confiance", a ainsi assuré M. Schäuble, alors que la presse allemande avait fait état de craintes de Berlin sur un possible décrochage économique de la France.
Interrogé sur le fait de savoir si la France était l'"homme malade de la zone euro", M. Schäuble s'est empressé de répondre par la négative.