PARIS (Reuters) - Une délégation de salariés de l'équipementier automobile GM&S Industry du site de la Souterraine (Creuse), dont la reprise par GMD prévoit la suppression de 156 emplois, a exprimé son "amertume" lundi à l'issue d'une réunion à l'Elysée, estimant que le gouvernement avait "choisi son camp", celui du patronat.
Deuxième employeur privé de la Creuse, GM&S - sous traitant automobile de PSA (PA:PEUP) et de Renault (PA:RENA) - a été placé en liquidation judiciaire fin juin et le repreneur GMD, un autre équipementier, prévoit le maintien de 120 emplois.
L'offre a été jugée insuffisante par les salariés qui ont poursuivi leurs actions afin d'obtenir "plus de salariés repris" et une "prime supra-légale" qui viendrait s'ajouter aux indemnités de licenciement prévues par la loi, une demande jusqu'à présent rejetée par GMD.
"On demande des accompagnements qui soient à la hauteur des préjudices subis", a déclaré Vincent Labrousse, délégué CGT de GM&S, à la presse à l'issue d'une rencontre de près de deux heures entre la délégation et trois membres du cabinet d'Emmanuel Macron. "La prime supra-légale en fait partie, mais ils ne veulent pas l'entendre."
Pour le représentant syndical, l'entretien à l'Elysée a donné lieu au "même discours qu'on entend depuis deux mois sauf que le président n'a pas daigné de venir nous voir, dont acte".
"C'est visiblement qu'ils avaient décidé de ne rien donner en plus pour les salariés puisque, actuellement ils donnent tout au patronat, donc ils ont choisi leur camp, ils assument et ils signent", a-t-il ajouté, disant ressentir "beaucoup d'amertume".
"PAS UN SUJET DE L'ETAT"
L'Elysée a de son côté fait état d'une réunion "plutôt sereine", rappelant que l'Etat avait "fait tout son possible pour qu'un redémarrage industriel puisse exister sur le site" et qu'il s'attelait désormais "à accompagner" le projet de reprise.
L'Etat, a-t-on indiqué, entend mobiliser tous les dispositifs légaux pour accompagner les salariés dans leur reclassement et dans le fait de retrouver de nouveaux emplois mais n'est pas responsable de l'indemnité supra-légale.
La délégation a fait savoir qu'elle allait "activer" les "moyens légaux qui existent".
Vendredi, les salariés ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Limoges contre le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), dont ils contestent la validité.
L'annulation de la décision administrative n'entraînerait pas les 156 licenciements prévus, a précisé à Reuters l'avocat des salariés, Jean-Louis Borie, mais elle permettrait d'"ouvrir d'autres portes pour des indemnisations".
La rencontre à l'Elysée survient trois semaines après les heurts qui ont opposé le 5 octobre les forces de l'ordre à des salariés de GM&S qui souhaitaient s'entretenir avec Emmanuel Macron lors de la visite de ce dernier à Egletons (Corrèze).
Les propos du chef de l'Etat lors de ce déplacement sur le "bordel", tenus lors d'un aparté, avaient suscité un tollé et alimenté un procès en mépris de classe.
(Marine Pennetier, avec Caroline Paillez, édité par Yves Clarisse)