Trois centimes l'heure: la faible revalorisation du salaire minimum annoncée lundi par le ministère du Travail, en même temps qu'une révision de ses critères, portera le Smic à 9,43 euros au 1er janvier.
Cette augmentation de 0,3% strictement conforme à la hausse légale s'ajoute à la hausse de 2% anticipée en juillet, qui comportait, elle, un "coup de pouce" de 0,6 point.
Pour un salarié aux 35 heures, le nouveau Smic sera de 1.430,22 euros bruts (environ 1.100 euros nets), soit une augmentation de 5 euros.
"C'est une décision juste et mesurée" qui, compte tenu de l'inflation observée sur un an (1,3%), permet un gain de pouvoir d'achat du Smic de 1%, a commenté le ministre du Travail Michel Sapin, à l'issue de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), en soulignant que depuis 2006 "il n'y avait pas eu" de coup de pouce.
L'absence de nouveau coup de pouce a fortement déçu FO et la CGT, qui militent pour un Smic à 1.700 euros bruts. "Le gouvernement est resté droit dans ses bottes alors qu'il fallait donner un signe aux salariés", a regretté ainsi Marie-Alice Medeuf-Andrieu, représentante de FO à la CNNC.
"Tout le monde n'est pas rémunéré à la même enseigne", a réagi le numéro un de la CGT Bernard Thibault, en se demandant comment le gouvernement peut "annoncer et défendre" une "simili-hausse" du Smic.
Le PCF a, lui, suggéré d'"indexer le Smic sur l'augmentation des salaires des patrons du CAC 40", ce qui aurait représenté "5% de plus cette année".
Quant à Marine Le Pen, elle a accusé "le gouvernement socialiste (de) condamner les Français à la baisse du pouvoir d'achat" et évoqué un "choc de précarité".
Sans surprise, côté Medef, Benoît Roger-Vasselin se montrait satisfait de cet "arbitrage", affirmant que "le problème majeur était le maintien de l'emploi".
Michel Sapin a par ailleurs dévoilé les nouvelles règles du Smic pour 2014 qu'il présentera au Conseil des ministres mercredi: une "évolution" du calcul pour "être mieux en adéquation" avec "les vraies dépenses de ceux qui sont autour du Smic".
Un nouvel indice d'inflation
Les deux piliers sur lesquels s'appuie la revalorisation annuelle depuis 1970 seront revus: l'indice des prix va être changé pour mieux tenir compte de certaines dépenses (loyer, énergie) et le salaire de base servant de référence, élargi à celui des employés, plus simplement celui des ouvriers.
Qualifiée de "toilettage" par la CGT, cette réforme, "dans les conditions actuelles" de l'inflation, "n'aurait pas changé grand chose" à la revalorisation pour 2013, a cependant concédé le ministre.
Alors que le groupe d'experts sur le Smic a récemment proposé de différencier le salaire minimum selon l'âge ou la région, M. Sapin a assuré qu'il y aura toujours demain "un Smic et un seul".
Ce groupe d'économistes, très critiqué par les syndicats, "subsiste" mais sa composition sera à l'avenir "plus diverse", a au passage précisé le ministre.
Enfin, sur l'idée d'indexer le Smic sur une part de la croissance, défendue pendant la campagne par François Hollande, un lien automatique n'est pas à l'ordre du jour.
"Le partage des fruits de la croissance se fera au moment du coup de pouce", propose le ministre. Pour la CGT, le coup de pouce, "nécessaire en période de crise, ne doit pas être assujetti à la croissance".
"Ce gouvernement vient d'enterrer la promesse du candidat Hollande sur l'indexation du Smic sur la croissance", a réagi le Parti de gauche.
Alors que dans un certain nombre de branches, les minima de grilles de salaires restent parfois -deçà du Smic, FO a appelé le ministre "à passer de l'intention à l'action" pour sanctionner les branches récalcitrantes.