Spontex, numéro un dans les éponges naturelles, se bat pour sortir renforcé de la crise et rester un leader mondial basé en France dans un secteur, celui des produits de consommation courante, où c'est devenu une denrée rare.
Cette marque française populaire et vendue dans le monde entier depuis les 30 glorieuses, vient de célébrer son 80e anniversaire, étant née avec l'installation en 1932 de sa principale unité de production à Beauvais (Oise). Aujourd'hui, 350 millions d'éponges empaquetées en sortent chaque année, sans compter les blocs vendus à des industriels.
Ayant survécu à la crise de 1929 et à la guerre qui a suivi, elle entend de même résister aux vents mauvais de la crise actuelle et à toutes les conséquences de la mondialisation, face à ses concurrents, dont les sièges sont eux hors de France.
Passée en avril 2010 du giron d'Hutchinson (groupe Total) à celui d'un groupe américain diversifié, Jarden Corporation, la division Mapa-Spontex n'a pas pâti de ce changement de pavillon de son actionnaire principal, malgré certaines craintes.
La gestion de Spontex se doit néanmoins d'être très réactive, selon son directeur industriel, Didier Riquier, qui est aussi le patron de la deuxième unité française, à Saint-Hyppolite, dans le Doubs.
"Pour survivre en France, il faut être actif, avoir l'esprit d'initiative, être économe et novateur", résume-t-il.
Les effectifs de Beauvais sont passés de 285 à 270 personnes, soit une baisse de 7%, en quelques années, tandis que la production s'est accrue de 40% suite à des investissements dans l'automatisation.
"Ce qui nous permet de résister, c'est la qualité de nos produits et la maîtrise d'un process compliqué", explique M. Riquier, refusant de céder à la sinistrose malgré une baisse de la visibilité du marché.
Et de fait, les mesures de sécurité sont omniprésentes dans l'usine en raison de la dangerosité des produits chimiques, comme le sulfure de carbone utilisé pour transformer la pâte de bois --la cellulose étant la matière première-- en éponges à plus ou moins gros trous.
Des milliers de m3 d'eau nécessaires au refroidissement et au séchage doivent être traités, alors que l'usine fonctionne 24h sur 24, sept jours sur sept.
Dans ces conditions, éviter à la fois les défauts de fabrication et les accidents du travail requiert une technicité assez élevée et pour s'en assurer: "Beauvais a un système automatisé ultra performant".
Ainsi la Chine, qui produit des éponges, n'est-elle pas encore à niveau, et le seul grand concurrent de Spontex, estime son directeur industriel, reste le groupe américain 3M.
Il n'empêche qu'en ce moment, "il y a vraiment une guerre commerciale pour trouver des commandes" et que "la crise européenne nous impacte directement", reconnaît-il, évoquant un "arrêt exceptionnel" de quelques jours à Noël et "une année difficile qui s'annonce en 2013".
Priorité est donnée désormais à la compétitivité. Cela passe par des efforts en matière "d'économies d'énergie, de réduction des déchets, d'amélioration des rendements".
"Les efforts que la crise impose ne nous rendront que plus forts au moment de la reprise", assure-t-il.
Dans de telles circonstances, "le dialogue social est impératif". "En interne, il faut expliquer sans alarmisme la situation économique du secteur", notamment dans ses échanges parfois virils mais toujours corrects, observe-t-il, avec les représentants syndicaux. Chez Spontex-Beauvais, la CGT est largement dominante
Une autre clef --probablement la principale-- c'est celle de l'innovation. Un service de recherche d'une quarantaine de personnes est à demeure, dans l'usine en plein Beauvais.
C'est grâce à cette recherche que Spontex est le seul fabricant mondial d'une éponge comprimée, pour des prélèvements biologiques, et a sorti récemment une éponge qui essuie et assèche en même temps.
Enfin, la publicité et l'emballage ont leur rôle à jouer. La fameuse pub du hérisson qui se prend d'amour pour une éponge grattante "a dopé nos ventes", avoue en souriant M. Riquier.