La situation de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord et de ses 1.250 salariés, objet d'une bataille juridique depuis cinq ans, doit être abordée jeudi lors d'un Comité central d'entreprise (CCE), après l'échec de négociations avec un repreneur en 2012.
Officiellement, l'ordre du jour de la réunion au siège de l'entreprise, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), n'évoque qu'une "information aux représentants du personnel concernant la stratégie du groupe pour le site d'Amiens-Nord".
La direction du fabricant américain de pneumatiques a confirmé la tenue de cette réunion. Elle a toutefois indiqué qu'elle ne communiquerait qu'une fois les représentants du personnel informés.
Selon une source proche du dossier, la fermeture du site d'Amiens-Nord serait "une des hypothèses retenues par la direction".
"Il y aura peut-être un projet de fermeture mais il n'y aura pas de fermeture", a riposté Mickaël Wamen, délégué syndical CGT, majoritaire sur le site. "On va mettre le gouvernement en face de ses responsabilités", a-t-il ajouté.
"Eviter le pire"
En l'absence d'un accord avec les syndicats après huit mois de discussions, la direction de Goodyear France avait annoncé en septembre 2012 le retrait d'un projet de plan de départs volontaires sans licenciements.
Avant ce projet, un plan social, qui prévoyait de mettre un terme à la production de pneus de tourisme à Amiens-Nord, avec 817 suppressions de postes à la clef, avait été invalidé à plusieurs reprises par la justice, saisie par la CGT du site.
Des négociations avec un éventuel repreneur, le groupe Titan, qui a repris l'essentiel des activités de pneus agricoles de Goodyear dans le monde, ont également échoué en juin dernier.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a estimé mercredi qu'il était "possible d'éviter le pire" pour le site du fabricants à Amiens-Nord à condition de reprendre les négociations avec les syndicats et le groupe Titan.
"Nous préférons le plan de départ volontaires et la reprise par Titan, et nous avons repris contact avec Titan (...) Il est possible d'éviter le pire", a-t-il dit à l'Assemblée nationale.
"Le Parti socialiste souhaite que pour Goodyear, il n'y ait pas de décision irrévocable qui soit annoncée et qu'il puisse y avoir une décision qui respecte les salariés", a déclaré pour sa part le porte-parole du PS, David Assouline.
Le Parti communiste français (PCF) a demandé au gouvernement de ne pas "rester l'arme au pied" concernant ce site.
Le député et président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, a quant à lui jugé que l'annonce éventuelle de la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord serait "un énième symbole de l'échec du gouvernement", estimant que "pour l'instant, seul le chômage est +made in France+".
Entre 2008 et 2011, Goodyear, dont l'activité est cyclique, a enregistré des pertes de 87 millions de dollars en moyenne par an, a indiqué une porte-parole de la direction.
Le groupe était endetté à hauteur de 3,4 milliards de dollars en septembre 2012 et les actionnaires n'ont pas touché de dividendes depuis 2003, a-t-elle ajouté. Elle a précisé que l'usine d'Amiens-Nord coûtait quelque 60 millions d'euros de pertes par an au groupe.