Les exportations françaises d'électricité sont tombées en 2009 à leur plus bas niveau depuis un quart de siècle, une chute due à la baisse de la demande en Europe sur fond de récession économique, mais aussi aux nombreuses pannes intervenues sur les réacteurs nucléaires français.
La France a exporté un solde net d'électricité de 24,6 térawattheures (TWh) en 2009. Ce chiffre, en baisse de 47% sur un an, est le plus bas depuis 1985, époque à laquelle le parc nucléaire français était encore en cours de construction. L'Hexagone ne comptait alors qu'une quarantaine de réacteurs nucléaires, contre 58 aujourd'hui.
En raison de la taille de ce parc nucléaire, le deuxième du monde, la France est traditionnellement le premier exportateur d'électricité en Europe, devant l'Allemagne.
C'était encore le cas en 2009, mais dans une moindre mesure que les années précédentes. Depuis 2002, les exportations françaises d'électricité ont été divisées par trois.
Ce phénomène s'explique par une augmentation plus rapide de la consommation que de la production. Alors qu'aucune grosse centrale n'a été mise en service depuis le réacteur nucléaire de Civaux (Vienne) en 1999, la demande a continué à être dopée par le développement des appareils électroniques, progressant de 13% en 10 ans.
En outre, le développement du chauffage électrique oblige à importer de plus en plus d'électricité en hiver: pendant les journées très froides, la consommation bondit et dépasse alors les capacités de production.
Ainsi, le 16 décembre, journée particulièrement rigoureuse, un record historique d'importation a été battu avec 140 gigawattheures importés.
Le phénomène a été accentué l'an dernier par les pannes et les grèves intervenues dans les centrales nucléaires d'EDF, qui ont fait chuter la production du parc nucléaire à son plus bas niveau depuis 1999.
Pour ne rien arranger, cette baisse de régime n'a pas pu être compensée par la production hydraulique. Du fait de plus faibles précipitations, les barrages ont produit 9,2% de moins qu'en 2008.
Alors que la production d'électricité chutait au total de 5,5%, la consommation restait, elle, relativement robuste. Elle n'a reculé que de 1,6% en France, alors qu'elle chutait de 3,8% en Europe continentale (-6,7% en Italie) sur fond de récession économique.
Les moindres exportations de la France seraient d'ailleurs le reflet de la crise, qui a fait chuter la demande des pays voisins, a avancé Dominique Maillard, président du Réseau de Transport d'Electricité (RTE) mercredi au cours d'une conférence de presse.
"Notre pays a trouvé moins de clients à l'étranger" pour vendre son électricité, a-t-il affirmé.
La Belgique, qui a vu sa demande intérieure reculer de 6% en 2009, a ainsi importé trois fois moins d'électricité française que l'année précédente. Chose inédite, elle est même devenue exportatrice nette d'électricité vers l'Hexagone.
Du fait de la baisse généralisée de la demande, qui a libéré des capacités de production en Europe, EDF a d'ailleurs pu être tenté d'acheter de l'électricité à l'étranger, alors même qu'il y avait des centrales disponibles en France.
Acheter de l'électricité produite par des réacteurs nucléaires belges peut en effet s'avérer moins coûteux que de déclencher une centrale au fioul en France.
De fait, l'Hexagone a acheté des électrons à l'étranger pendant 57 jours en 2009, contre six jours seulement en 2008. Au final, cette situation pourrait encore creuser le déficit commercial français. En 2008, l’électricité avait en effet rapporté 2,8 milliards d’euros au pays.