Le nouveau ministre chypriote des Finances Haris Georgiades a assuré mercredi que son pays appliquerait "entièrement" toutes les mesures prévues par le plan de sauvetage européen, portant notamment sur une restructuration du système bancaire.
"Nous allons mettre en oeuvre le protocole d'accord entièrement sans aucune dérogation, nous allons respecter tous les délais et atteindre tous les objectifs" fixés par les bailleurs de fonds internationaux en contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros, a affirmé M. Georgiades lors de son investiture.
M. Georgiades, un économiste de 40 ans qui occupait auparavant le poste de ministre du Travail, remplace le ministre démissionnaire Michalis Sarris, emporté par la tourmente pour avoir dirigé en 2012 la banque Laïki, liquidée dans le cadre du plan de sauvetage.
"Nous ferons tout ce qu'il faudra pour remettre en état nos finances publiques et remettre notre économie sur les rails vers la croissance", a insisté M. Georgiades, ajoutant: "Si les circonstances ne sont pas réjouissantes, les perspectives à moyen et long terme restent excellentes".
En contrepartie des 10 milliards d'euros apportés par la troïka (UE, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), Chypre a accepté de réduire drastiquement son secteur bancaire, augmenter des impôts, diminuer les effectifs de la fonction publique et privatiser certaines compagnies.
Le gouvernement a mis en place mardi une commission qui sera chargée d'enquêter sur la façon dont l'île a été poussée au bord de la faillite.
L'enquête doit notamment se pencher sur la période pendant laquelle Michalis Sarris a été président en 2012 de la Laïki, deuxième banque du pays.
Un nouveau ministre du Travail a également prêté serment mercredi: Mme Zeta Emilianidou, haut fonctionnaire du ministère du Commerce qui devient la première femme du gouvernement de Nicos Anastasiades.
Le FMI va prêter un milliard d'euros
La première tranche du plan de sauvetage devrait pouvoir être versée "dans le courant du mois de mai", après validation du protocole d'accord qui l'accompagne par les Etats membres de la zone euro, a indiqué mercredi un porte-parole de la Commission européenne, Olivier Bailly.
Le texte du protocole d'accord sera soumis aux ministres des Finances de la zone euro le 12 avril à Dublin, "pour une validation politique", qui devra être suivie d'une validation juridique, a-t-il détaillé.
La présidence chypriote avait annoncé mardi que la rédaction du protocole d'accord était achevée, et que Chypre avait obtenu deux années de plus qu'initialement prévu, soit jusqu'à 2018, pour atteindre les objectifs fixés par la troïka en échange du prêt.
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a annoncé pour sa part mercredi que le FMI participerait au plan de sauvetage à hauteur de 1 milliard d'euros, une décision qui serait "soumise au conseil d'administration pour approbation début mai".
La Banque centrale de Chypre a assoupli mardi les restrictions sur les mouvements de fonds destinées à empêcher une fuite des capitaux, notamment pour les entreprises dont les transactions sont désormais autorisées jusqu'à 25.000 euros par compte par jour, au lieu de 5.000.
Les sociétés ont déjà beaucoup souffert de la fermeture des banques du 16 au 27 mars.
De son côté, le syndicat des employés de banques a appelé à une grève jeudi entre 12H30 (09H30 GMT) et 14H30 (11H30 GMT), craignant que les fonds de pension dans les deux principales banques du pays ne soient pas protégées dans le cadre du plan de sauvetage.
En vertu de ce plan, les comptes dépassant 100.000 euros sont gelés à la Laïki et la Bank of Cyprus. La première doit être liquidée, et les gros comptes de la seconde doivent subir une ponction qui pourrait aller jusqu'à 60%.
Les petits comptes de la Laïki ainsi que tous les prêts vont être transférés à la Bank of Cyprus où ils fonctionneront normalement.