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Déficit : pour revenir dans les clous, Paris mise sur un scénario optimiste

Publié le 02/02/2010 17:05
Mis à jour le 02/02/2010 17:35

Malgré la crainte d'une reprise molle exprimée par plusieurs économistes, la France parie ostensiblement sur un fort rebond de la croissance à partir de 2011 pour respecter ses engagements européens de réduction de son déficit public record.

Dans les prévisions qu'il vient de transmettre à Bruxelles, le gouvernement confirme qu'il s'engage à réduire le déficit public français (Etat, comptes sociaux, collectivités locales) de 8,2% du produit intérieur brut (PIB) cette année à 3% en 2013. A cette date, la dette publique commencerait, elle, à refluer à 86,6% du PIB.

Ces objectifs reposent sur le retour d'une croissance soutenue: après 1,4% cette année, l'économie progresserait de 2,5% par an dès 2011, générant d'abondantes recettes.

Paris refuse d'envisager une reprise plus molle: le seul autre scénario avancé table sur une croissance à peine moins importante, de 2,25% par an. Une hypothèse qui ferait déjà dérailler la France de sa trajectoire, repoussant à 2014 le retour du déficit dans les clous européens.

Or, la plupart des économistes, mais aussi des institutions internationales, ne sont pas aussi optimistes. Le Fonds monétaire international (FMI) s'attend à une croissance de 1,7% en France l'an prochain, tandis que la Commission européenne, chargée d'évaluer la crédibilité du scénario français, tablait en novembre sur 1,5%.

"Les prévisions du gouvernement sont très optimistes au vu du chômage qui va rester élevé, de la faiblesse de l'investissement et des perspectives de demande", souligne Olivier Bizimana, économiste au Crédit agricole.

Selon lui, non seulement il sera difficile d'atteindre une croissance de 2,5%, mais il est en plus hautement improbable qu'une telle performance puisse être réalisée trois années de suite.

"Les pays qui ont le plus d'efforts à faire pour réduire leur déficit, comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal ou la France, parient tous sur un fort rebond à partir de 2011, comme s'ils avaient adapté leurs prévisions de croissance en conséquence", ironise-t-il.

Pour tenir ses engagements, l'exécutif, qui exclut toute hausse des impôts, entend aussi donner un tour de vis sans précédent aux dépenses de l'Etat, des collectivités locales et de la sécurité sociale.

"Je vais proposer un programme d'économies d'ici quelques semaines à la demande du président", a rappelé mardi le ministre du Budget Eric Woerth. Les décisions seront détaillées en avril, lors de la seconde phase de la conférence sur les déficits lancée la semaine dernière par Nicolas Sarkozy.

Alors que la dépense publique augmente aujourd'hui "plutôt de 2%" par an selon le ministre, cette progression devra être limitée en moyenne à 0,6% en volume (c'est-à-dire en plus de l'inflation) entre 2011 et 2013.

Un effort conséquent sera notamment demandé aux collectivités locales, mais aussi à la sécurité sociale dont les dépenses devront grimper de moins de 3% par an à partir de 2011.

Enfin, la France s'engage à réduire de 2 milliards d'euros par an entre 2011 et 2013 les "niches fiscales et sociales", c'est-à-dire tout cet éventail de dispositifs dérogatoires qui représentent un manque à gagner pour les caisses du pays.

"Cet effort de rigueur, inédit depuis un demi-siècle, va fortement peser sur l'activité", prévient Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), mettant ainsi à mal l'objectif de croissance volontariste du gouvernement.

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