PARIS (Reuters) -
Areva (PA:AREVA), désormais recentré sur le cycle du combustible nucléaire, s'est renommé mardi Orano, le groupe public cherchant ainsi à se relancer en ciblant prioritairement l'Asie après des années de graves difficultés industrielles et financières.
La société, qui couvre les activités mines, conversion-enrichissement, recyclage des combustibles nucléaires usés, logistique, démantèlement et ingénierie, a précisé que sa nouvelle dénomination venait d'Ouranos, dieu grec du ciel devenu Uranus dans la mythologie romaine, qui donna son nom à la planète Uranus à l'origine de l'appellation "uranium".
Orano compte 16.000 salariés pour des ventes de quatre milliards d'euros et un carnet de commandes équivalant à près de huit années de chiffres d'affaires.
Son directeur général, Philippe Knoche, a indiqué lors d'une conférence de presse que le groupe avait pour ambition de réaliser 30% de son chiffre d'affaires en Asie en 2020, contre un peu plus de 20% actuellement, et qu'il visait un cash flow net positif dès 2018 et "chaque année qui vient".
Orano a une dette nette proche de 3 milliards d'euros et compte investir environ 2 milliards dans ses usines - et un montant du même ordre dans ses mines - à l'horizon 2025, a-t-il également dit.
Alors que la société cherche depuis plus de dix ans à finaliser un contrat géant pour concevoir et équiper une usine de traitement-recyclage en Chine, Philippe Knoche a estimé que la signature d'un nouveau protocole d'accord sur ce projet, le 11 janvier, illustrait "une accélération des discussions".
Orano réalise aujourd'hui 60% de son chiffre d'affaires à l'international et vend plus d'uranium en Chine qu'en France, a-t-il également souligné, ajoutant toutefois que le groupe faisait en sorte "qu'un contrat ou l'autre ne soit pas une condition de survie".
Le directeur général a également annoncé le lancement d'un nouveau plan de réduction de coûts sur la période 2018-2020, la société visant quelque 250 millions d'économies en année pleine.
ORANO QUITTERA "LE MONOLITHE" DE LA DEFENSE EN 2019
L'ex-Areva compte en outre investir 2 milliards d'euros dans ses usines d'ici à 2025 et "un montant comparable" dans ses activités minière.
"Aujourd'hui, les prix de l'uranium ne permettent pas d'investir dans des mines totalement nouvelles", a cependant souligné Philippe Knoche.
Le budget global lié au changement de nom du groupe - dont le logo circulaire évoque le "cycle fermé" de l'uranium (de son extraction à son recyclage) - restera "inférieur à 5 millions d'euros", a-t-il en outre précisé.
Orano prévoit par ailleurs de quitter en 2019 son siège de la Défense - l'emblématique "Tour Areva" inspirée des monolithes du film 2001, l'Odyssée de l'espace - pour se relocaliser "en région parisienne", réduisant ainsi sa dépense immobilière annuelle de 15 à 5 millions d'euros.
Créée en 2001 avec la fusion de la Cogema (cycle de l'uranium) et de Framatome (conception des réacteurs nucléaires), Areva a accumulé les déboires ces dernières années, subissant des marchés en berne, les retards et surcoûts de son projet d'EPR finlandais (OL3), le fiasco du rachat de la société minière Uramin ou encore les défauts de contrôle de la qualité de son usine du Creusot (Saône-et-Loire).
La société a ainsi dû mettre en oeuvre un plan de sauvetage sous l'égide du gouvernement, qui s'est traduit par des départs massifs, un renflouement par l'Etat français à hauteur de 4,5 milliards d'euros et la vente de son activité de réacteurs nucléaires à EDF (PA:EDF).
Cette dernière, qui a de son côté repris le nom de Framatome en janvier, conçoit en particulier le réacteur de nouvelle génération EPR, dont six unités sont en construction ou en projet dans le monde, notamment deux à Hinkley Point, en Grande-Bretagne.
L'Etat français détient aujourd'hui 100% de l'ex-Areva, retiré de la cote l'été dernier après le rachat des parts détenues par les actionnaires minoritaires tels que le Koweït, EDF ou Total (PA:TOTF).
Une dernière augmentation de capital de 500 millions d'euros dans le cadre du sauvetage, à laquelle les japonais MHI et JNFL souscriront pour prendre 10% d'Orano, est par ailleurs prévue pour ce début d'année.
L'appellation Areva ne subsistera que sous la forme d'Areva SA, la structure de défaisance gérant les risques liés à la construction d'OL3 ainsi que ceux liés à des irrégularités constatées au Creusot.
Orano publiera ses résultats 2017 le 29 mars.
(Benjamin Mallet, avec Jean-Michel Bélot et Geert De Clercq, édité par Matthieu Protard)