Malgré des "désaccords" profonds notamment sur la question iranienne, Paris veut profiter économiquement de son rapprochement avec Damas, motif de la visite du Premier ministre français François Fillon qui a aussi réclamé des "efforts" aux Syriens pour rétablir la paix dans la région.
Lors d'une conférence de presse à Damas, M. Fillon a souhaité intensifier les partenariats économiques actuellement "très inférieurs à leur potentiel" et pas "à la hauteur de notre relation politique".
Mais, avait-il prévenu auparavant, "l'une des conditions de la poursuite d'un développement économique en Syrie est la paix et la sécurité" au Proche-Orient" pour lesquels "la Syrie a un rôle fondamental" à jouer.
Evoquant les dossiers où la Syrie peut être très utile, M. Fillon a insisté sur l'Iran qui refuse, malgré des sanctions de l'ONU, de suspendre ses activités nucléaires soupçonnées de cacher un volet militaire.
"La paix passe par un changement d'attitude du gouvernement iranien", a-t-il lancé. Il a qualifié de "préoccupant" le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et agité la menace de "l'adoption dans les prochaines semaines de nouvelles mesures" par le Conseil de sécurité. "Nous avons tendu la main au gouvernement iranien, sans succès", a regretté M. Fillon. Et le chef du gouvernement de souhaiter "que la Syrie nous aide dans cet effort pour que l'Iran renonce à des décisions dangereuses pour la paix dans le monde".
Mais son homologue syrien, Naji Otri, lui a signifié une fin de non-recevoir. "Nous avons toujours appuyé l'emploi pacifique de l'énergie nucléaire, c'est un droit", a déclaré M. Otri. Il a appelé à une "dénucléarisation de la région" car, selon lui, "la menace vient de la puissance israélienne".
Israël n'a jamais reconnu disposer d'un arsenal nucléaire, comme l'affirment de nombreux experts étrangers.
Sur le rôle d'intermédiaire que Damas peut également jouer auprès de son allié iranien, M. Fillon a parlé du cas de la Française Clotilde Reiss, arrêtée lors de manifestations antigouvernementales en Iran. La Syrie avait contribué à obtenir sa libération sous caution. Depuis août, elle réside à l'ambassade de France dans l'attente de son jugement.
"C'est une femme innocente qui doit être libérée dans les meilleurs délais sans conditions", a-t-il répété.
Concernant les négociations de paix israélo-palestiniennes, gelées depuis la guerre de Gaza, M. Fillon a répété que Paris ne transigerait "jamais sur la sécurité de l'Etat d'Israël" qui va de paire "avec la reconnaissance d'un Etat palestinien".
Il a aussi réaffirmé que la France était "disponible pour participer à renouer le dialogue entre la Syrie et Israël avec la participation de la Turquie" qui avait déjà servi d'intermédiaire en 2008.
Sur le terrain économique, un contrat de 27 millions d'euros a été signé pour la vente de deux avions de transport régional (ATR) et un protocole pour la vente de 14 Airbus à la compagnie Syrian Arab Airlines bloqué par un embargo américain, a été prorogé.
M. Fillon a évoqué les projets d'un métro à Damas et d'un nouveau terminal de l'aéroport qui "pourraient être emblématiques d'une coopération fructueuse" également souhaitée par la Syrie dont la croissance économique a été de 3% l'an dernier malgré la crise.
Le chef du gouvernement a justifié le "choix judicieux" d'un rapprochement entre Paris et Damas depuis 2008 qui fut accueilli par de virulentes critiques en raison des violations des Droits de l'Homme par la Syrie. Cette politique est aujourd'hui "imitée" par les Etats-Unis, s'est-il félicité.
Samedi soir, M. Fillon s'est rendu en Jordanie, où il doit conclure dimanche sa tournée régionale.