Les Etats-Unis ont poussé les feux en vue de la conclusion rapide d'une vaste zone de libre-échange, mardi au sommet de l'Asie-Pacifique, trouvant cependant sur leur chemin une Chine enhardie par l'absence du président Barack Obama.
Le sommet du "forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique" (Apec) s'est achevé mardi sur l'île indonésienne de Bali par une déclaration finale soulignant la "trop grande faiblesse" de la croissance mondiale et la persistance des "risques" sur l'économie.
Les 21 Etats-membres, qui représentent plus de la moitié de la richesse mondiale, ont en conséquence promis de "promouvoir une croissance durable" dans la région. Aucune mesure concrète n'a été décidée, comme c'est le cas dans ce genre de sommets, mais l'Apec a réitéré son "engagement envers une libéralisation du commerce et des investissements d'ici à 2020".
Mais cette ambition à long terme est concurrencée par deux autres projets de libre-échange.
Un partenariat trans-Pacifique
D'un côté, les Etats-Unis défendent un Partenariat trans-Pacifique (TPP), qui regrouperait 12 pays, à l'exception notable de la Chine.
Pékin n'exclut pas totalement de rejoindre un jour le TPP mais lui préfère un projet concurrent exclusivement asiatique, réunissant 16 pays, sans les Etats-Unis. Cette initiative est défendue par l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) et sera au coeur des discussions lors de son sommet qui s'ouvrira à Brunei mercredi, juste avant celui de l'Asie de l'Est dans le même sultanat.
"La Chine va s'engager dans l'édification d'un cadre de coopération régionale trans-Pacifique qui soit bénéfique à l'ensemble des parties", a souligné le président chinois Xi Jinping lundi au premier jour du sommet de l'Apec.
Cette remarque est une critique directe à l'encontre du TPP, selon les médias officiels chinois.
Le TPP est "largement considéré comme un nouvel effort des Etats-Unis en vue de dominer l'économie de l'Asie-Pacifique", écrit le China Daily.
Dans un discours lundi à l'Apec, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tenté de convaincre ses partenaires, tout en essayant de pallier l'absence de Barack Obama retenu par la crise budgétaire chez lui. La venue du président avait été programmée dans le but qu'il pèse de tout son poids pour faire avancer le projet de TPP.
"Il nous faut des règles modernes dans un monde en changement", a estimé M. Kerry, en référence aux "normes d'or" que le TPP voudrait imposer au commerce trans-Pacifique, notamment en matière de propriété intellectuelle.
M. Kerry a rencontré dans l'après-midi à Bali les représentants des onze autres pays parties prenantes aux négociations sur le TPP.
"Nous sommes en bonne voie d'achever les négociations", ont-ils indiqué dans un communiqué commun à l'issue de la rencontre, sans pour autant s'engager fermement sur une conclusion d'ici à la fin de l'année, comme voulu par Washington mais mise en doute par plusieurs partenaires.
"Nous sommes convenus que les négociateurs devraient dorénavant se diriger vers la résolution de tous les problèmes en suspens dans le but d'aboutir cette année à un accord régional équilibré et complet", ont-ils écrit.
Le partenariat, qui veut regrouper 40% du PIB mondial, doit réunir l'Australie, Brunei, le Canada, le Chili, les Etats-Unis, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.
Mais l'empressement américain a froissé l'Indonésie, pays hôte du sommet mais qui ne veut pas se joindre au TPP.
"Cela nous dérange en fait... Nous ne souhaitons pas que de l'ombre soit faite aux travaux de l'Apec", a expliqué à l'AFP un responsable gouvernemental indonésien sous couvert de l'anonymat.
Les efforts de Washington souffrent de l'absence de M. Obama, ce qui a semé le doute sur son aptitude à faire de l'Asie le "pivot" de sa politique étrangère, comme il l'a promis.
M. Kerry a juré de ses grands Dieux que "rien ne pourra saper l'engagement du président Obama envers un rééquilibrage vers l'Asie".
Mais cela n'a pas empêché le président Xi de sauter sur la chaise vide laissée par son homologue américain. M. Xi a largement volé la vedette lors du sommet de l'Apec, notamment avec un discours très remarqué lundi où il a loué les mérites de la grande "famille" de l'Asie-Pacifique, "unie et prospère".