Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est efforcé jeudi, en marge d'un sommet de l'Asie de l'Est à Brunei, de rassurer ses partenaires de la région inquiets de voir les Etats-Unis menacés d'un défaut de paiement.
Après plus d'une semaine de paralysie fédérale à Washington, la crise budgétaire américaine a été au centre de nombreuses discussions lors des sommets de l'Asie du Sud-Est, mercredi, puis de l'Asie de l'Est, jeudi dans le petit sultanat de Brunei.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a exprimé "les inquiétudes de Pékin quant au problème du plafond de la dette à Washington" lors de discussions avec le secrétaire d'Etat américain mercredi soir, a indiqué l'agence officielle Chine nouvelle.
Et dans un éditorial au vitriol publié ce jeudi, le China Daily a jugé "lamentable de voir que les Etats-Unis placent la fragile reprise de l'économie mondiale sous le coup d'une menace à répétition".
Un responsable américain voyageant avec M. Kerry a confirmé que le sujet avait été évoqué mais précisé que John Kerry avait "clairement dit qu'il s'agissait d'un moment isolé dans la politique à Washington tout en réaffirmant l'engagement du président (Barack Obama) à résoudre le problème".
Les pays asiatiques sont "convenus que les Etats-Unis était l'une des plus solides économies du monde et qu'ils avaient un intérêt commun à poursuivre une étroite relation économique" avec eux, a ajouté ce responsable.
De nombreux pays d'Asie, en particulier la Chine, possèdent des bons du Trésor américains et les pays émergents de la région ont déjà souffert du départ massif de capitaux américains --mais pas uniquement-- dans la perspective d'une réduction des mesures de soutien de la Réserve fédérale.
La Chine est le principal détenteur de dette américaine, avec 1.277 milliards de dollars en bons du Trésor fin juillet, selon les derniers chiffres publiés par le gouvernement américain.
"Si la première économie au monde s'écroule, comment pouvons-nous nous protéger", s'est demandé le président philippin Benigno Aquino. "Mais je ne crois pas que cela va arriver", a-t-il cependant nuancé.
Faute d'un accord budgétaire au Congrès, les administrations centrales américaines tournent au ralenti depuis plus d'une semaine. Les Etats-Unis pourraient se déclarer en défaut de paiement le 17 octobre si les parlementaires ne réussissaient pas à s'entendre d'ici là sur un compromis sur un relèvement du plafond de la dette du pays.
L'impasse budgétaire à Washington a déjà eu pour conséquence de contraindre M. Obama à annuler l'importante tournée régionale qu'il devait effectuer en Asie, notamment pour participer à trois sommets: de l'Asie-Pacifique en Indonésie lundi et mardi, puis de l'Asie du Sud-Est et de l'Asie de l'Est à Brunei.
Cette annulation in extremis avait fait douter de l'aptitude de M. Obama à satisfaire sa promesse de faire de l'Asie le "pivot" de sa politique étrangère, tout en remettant en question la solidité de l'économie américaine.
Ironie du sort, John Kerry, qui devait se rendre aux Philippines à la place de M. Obama après le sommet de Brunei, a dû y renoncer à cause d'une tempête tropicale qui menace l'archipel.
"Je suis désolé de ne pas pouvoir me rendre immédiatement (aux Philippines) mais la bonne nouvelle est que je suis fermement résolu à revenir dans un mois environ", a assuré M. Kerry à son homologue philippin, Albert del Rosario.
Les Philippines aspirent à consolider leur alliance militaire avec les Etats-Unis face aux ambitions de la Chine dans toutes les mers qu'elle partage avec ses voisins, du Vietnam au Japon et de la Corée du Sud aux Philippines.
A Brunei, John Kerry a réaffirmé "l'engagement sans faille (de Washington) pour la région" et a exprimé son soutien oral à ses alliés aux prises avec Pékin sur ces questions de souveraineté maritime.
M. Kerry était attendu dans la soirée en Malaisie.