Microsoft, qui navigue entre sa recherche d'un nouveau patron et ses efforts pour contrer la crise du PC, a prouvé jeudi qu'il avait encore de la ressource avec des résultats trimestriels en nette hausse et bien meilleurs qu'attendu.
Au premier trimestre de l'exercice décalé entamé début juillet, le groupe informatique américain a augmenté son bénéfice net de 17% à 5,2 milliards de dollars.
Son bénéfice par action, la référence pour les entreprises américaines, a dépassé de 9 cents la prévision moyenne des analystes à 63 cents, et son chiffre d'affaires a progressé plus que prévu, de 7% à 18,6 milliards de dollars.
L'accueil était chaleureux à la Bourse de New York: l'action Microsoft grimpait de 5,78% à 35,67 dollars vers 23H30 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture.
Les résultats ont certes profité de la prise en compte dans les comptes de 113 millions de dollars de recettes tirées des pré-ventes de Windows 8.1, la mise à jour du système d'exploitation de Microsoft sortie la semaine dernière.
Le groupe affirme toutefois dans son communiqué avoir enregistré de bonnes performances dans toutes ses activités, évoquant notamment "une demande robuste pour nos produits à destination des entreprises et nos services d'informatique dématérialisée" (cloud) liés aux serveurs ou à la diffusion croissante par abonnement sur internet de ses logiciels de bureautique comme Word, Excel ou Powerpoint.
Le salut dans les appareils ?
La banque Barclays a salué dans une note "des résultats sains alors que le groupe fait des progrès dans sa transition vers une entreprise d'appareils et de services".
Microsoft, qui a bâti son succès sur les logiciels pour PC, doit s'adapter à la crise de ce marché où les ventes reculent lourdement depuis plusieurs trimestres sur fond de boom des tablettes et des smartphones.
Sa directrice financière, Amy Hood, a évoqué "des signes de stabilisation": les revenus des licences Windows vendues par le groupe aux fabricants d'appareils ont reculé de "seulement" 7% sur le trimestre, quand il visait plutôt un recul de l'ordre de 15% comme sur les trois mois précédents.
Le groupe cherche à compenser en développant ses services et en tentant de rattraper son retard dans le mobile, tant du point de vue des logiciels que des appareils.
Microsoft doit ainsi boucler au premier trimestre 2014 le rachat de la division de téléphones portables du groupe finlandais Nokia, annoncé cet été. Il est aussi entré il y a un an sur le marché des tablettes avec la Surface. Malgré un succès mitigé, et une charge exceptionnelle de près d'un milliard de dollars il y a trois mois, Microsoft persévère: il vient d'en sortir deux nouvelles versions, et affirme que ses ventes progressent avec 400 millions de dollars atteints sur les trois derniers mois, à comparer à 853 millions de revenus sur les 8 mois précédents.
Les analystes jugent les revenus tirés des appareils, qui incluent aussi la console de jeux vidéo Xbox, globalement meilleurs que prévu. Barclays se dit toutefois déçue par les marges, un signe que Microsoft "fait des sacrifices sur les prix pour mettre des appareils entre les mains des consommateurs".
Les appareils, les licences Windows et les autres activités grand public affichent au total un chiffre d'affaires en hausse de 4% à 7,46 milliards de dollars. Les revenus commerciaux, l'autre grande division désormais de Microsoft qui vient de revoir sa structure, progressent de 10% à 11,2 milliards.
Pour le trimestre en cours, Mme Hood dit viser des ventes de 5,2 à 5,4 milliards de dollars pour les licences, 4,1 milliards de dollars dans les appareils où les ventes de Noël devraient profiter à la Surface et la Xbox, et 9% à 11% de croissance des revenus commerciaux.
La principale incertitude reste néanmoins le choix du futur PDG, qui conditionnera la stratégie future. Du patron de Ford Alan Mullaly à l'ex-chef de Nokia Stephen Elop, beaucoup de noms circulent. "Trouver le candidat idéal pour Microsoft peut s'avérer une tâche difficile", reconnaissait récemment la banque Morgan Stanley.