L'organisme de refinancement américain Fannie Mae a lancé jeudi des poursuites judiciaires contre neuf grandes banques mondiales et l'Association des banques britanniques qu'il accuse de lui avoir causé quelque 800 millions de dollars de pertes dans l'affaire du Libor.
Sont poursuivies les britanniques Barclays et Royal Bank of Scotland, les suisses UBS et Credit Suisse, l'allemande Deutsche Bank, la néerlandaise Rabobank, les américaines Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase.
Organisme parapublic de refinancement hypothécaire, Fannie Mae accuse ces banques de lui avoir causé des centaines de millions de dollars de pertes en manipulant le marché des changes lors de la fixation arbitraire du taux interbancaire Libor.
"Ce litige provient d'une pratique très répandue, et même déjà admise par quatre des accusés de manipulation du taux interbancaire londonien offert pour le dollar (Libor)", explique la plainte.
"La conduite illégale des accusés a causé à Fannie Mae, une agence gouvernementale chargée par le Congrès de fournir de la liquidité et des prix abordables au marché des prêts immobiliers aux Etats-Unis, des centaines de millions de dollars de pertes et dommages directs", ajoute-t-elle.
Pendant plusieurs années, "Fannie Mae a engagé et réalisé un volume énorme de transactions, y compris des échanges de taux d'intérêt et des rachats de prêts hypothécaires, de titres dérivés de prêts hypothécaires et des prêts à taux variables pour lesquels il devait recevoir ou verser un taux d'intérêt indexé sur le Libor", poursuit la plainte.
Fannie Mae demande le remboursement de ses pertes, qu'il estime à 800 millions de dollars, ainsi que des "dommages et intérêts conséquents", notamment punitifs, en plus du remboursement de ses frais d'avocats.
L'institution jumelle de Fannie Mae, Freddie Mac, avait quant à elle porté plainte en mars contre une quinzaine de banques pour des motifs similaires.
Le scandale du Libor avait éclaté en juin 2012, quand la banque britannique Barclays avait annoncé qu'elle allait payer 290 millions de livres pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britanniques et américains sur des manipulations de ce taux.
Ces enquêtes ont montré comment les traders au sein de certaines banques manipulaient les taux communiqués au panel chargé de fixer le Libor afin d'en tirer des bénéfices sur leurs positions ou de faire apparaître leur banque plus solide.
Cinq institutions financières ont déjà reçu des amendes à la suite de ce scandale, qui a éclaboussé au total une vingtaine de grandes banques internationales dont Rabobank, UBS, Royal Bank of Scotland, Barclays et le courtier interbancaire britannique Icap.
Les 16 banques contribuant à la fixation du Libor font l'objet de multiples plaintes dans de nombreux pays, à la fois de la part des Etats et régulateurs mais aussi de la part d'institutions ou investisseurs privés.
De nombreux produits financiers très courants comme les prêts étudiants dépendent du Libor, taux d'intérêt à très court terme appliqué aux prêts que les banques se font entre elles.