Les dirigeants européens, réunis mardi à Paris pour une grande conférence sur l'emploi des jeunes, ont souligné à l'unisson la nécessité d'"aller vite" pour réduire le chômage des moins de 25 ans, qui sont aujourd'hui près de 6 millions en Europe.
"Tout l'enjeu, c'est d'aller vite", a déclaré le président français François Hollande, lors de la conférence de presse, à l'issue de cette réunion à laquelle ont participé la quasi-totalité des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.
"L'enjeu c'est l'avenir d'une génération, celle touchée par le chômage depuis des années" et qui vit "dans une situation de doute, voire de désespérance", a-t-il ajouté soulignant que 6 millions de jeunes au chômage, c'était "trop, beaucoup trop". M. Hollande s'est targué "d'une inversion de la courbe du chômage des jeunes" en France depuis 4 mois, malgré une légère remontée en septembre, et a rappelé son objectif de l'inverser à la fin de l'année pour l'ensemble des chômeurs.
Selon les données officielles, en septembre quelque 5,6 millions de jeunes Européens étaient sans emploi (23,5%), l'Allemagne faisant figure de meilleure élève, avec 7,7% de jeunes au chômage, alors que la France avoisine les 25%. La Grèce et l'Espagne battent quant à elles des records avec des taux supérieurs à 56%.
Le président français a indiqué que la "Garantie pour la jeunesse" qui stipule qu'aucun jeune européen ne reste plus de 4 mois sans emploi, ni formation, serait mise en place "dans les deux prochaines années".
Mais pour accélérer le processus, "tous les pays, qui auront adressé leur programme" pour mettre en place cette disposition, "pourront dès le 1er janvier avoir les financements nécessaires", a-t-il expliqué.
A ce sujet, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a fait valoir que "l'essentiel des moyens dépend(ait) des Etats membres". "Il faut du concret, il faut des résultats vite", a-t-il insisté.
"Sans croissance, il n'y aura pas d'emploi pour les jeunes. La politique ne crée pas d'emploi, c'est l'entreprise qui crée de l'emploi", a pour sa part insisté la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait organisé à Berlin une première conférence sur l'emploi des jeunes le 3 juillet.
"Signal de mobilisation"
Tous les participants se sont accordés pour faire de ce sommet "un signal de mobilisation". "En 2014 le chômage restera malheureusement encore trop élevé mais il y a des perspectives, il y a de l'espoir", a estimé Herman Van Rompuy, le président du conseil européen.
Pour le président du parlement de Strasbourg, Martin Schulz, ce sommet est "un signal en soi car les chefs d'Etat et de gouvernement prouvent qu'ils prennent le chômage des jeunes au sérieux. C'est le défi de l'UE!", a-t-il lancé.
Comme prévu, aucun nouvel instrument n'a été annoncé lors de cette conférence qui a confirmé le calendrier et les bugdets alloués à la relance de l'emploi des jeunes. Au total, environ 45 milliards d'euros seront mobilisés sur trois ans pour l'emploi des jeunes, dont les six milliards d'euros alloués en juin par le Conseil européen.
Avant la conférence, M. Hollande a rencontré une délégation de jeunes Européens participant à un "sommet alternatif" avec la Confédération européenne des syndicats, qui ont demandé aux dirigeants de l'UE de "passer aux actes" et de "rompre avec l'austérité".
Concernant "la directive détachement" régissant le détachement temporaire de travailleurs d'un pays à l'autre de l'UE, qui fait débat entre les 28, MM. Barroso et Hollande sont tombés d'accord pour lutter contre les abus. "Le principe est bon mais en même temps on ne peut pas accepter les abus, les utilisations parfois contestables, déplorables", a dit le président français.
Paris plaide pour un meilleur encadrement de ce texte afin notamment de lutter contre "la concurrence déloyale" de travailleurs venant de pays à bas salaires.