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Pas de trêve des confiseurs pour rigolettes et berlingots nantais

Publié le 26/12/2013 08:05
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Les deux derniers héritiers de la riche histoire sucrière de Nantes, la "rigolette" et le berlingot Bonté-Pinson, loin de finir doucement leur histoire centenaire, semblent, en ce début de XXIe siècle, prêts à conquérir le monde.

La rigolette prend désormais place jusque sur les étals des boutiques japonaises les plus chic, tandis que Bonté-Pinson, tout en conservant la tradition de la confection artisanale à base de produits naturels, entend lancer le bonbon du XXIe siècle, en pâte à tartiner, à l'opposé du berlingot nantais si croquant sous la dent.

La rigolette, pulpe de fruits enfermée dans une coque de sucre dur, n'a pratiquement pas changé depuis que son inventeur, l'épicier nantais Charles Bohu, a proposé cette sucrerie pour la première fois en 1902.

Mais c'est une entreprise bien essoufflée que Stéphane Le Guiriec a rachetée fin 2010 alors qu'elle était en liquidation judiciaire. "Nous avons racheté le 3 décembre, et le 15 décembre, avec ma femme, on rouvrait la boutique... Jusque là, j'avais travaillé dans le notariat, je n'y connaissais rien, mais les gens faisaient la queue pour acheter leurs rigolettes pour Noël, ils étaient très patients et surtout, très reconnaissants", se souvient-il.

Les parfums traditionnels - citron, mandarine, framboise, cassis, ananas - sont toujours servis dans des boîtes de tout format, véritables écrins réédités du modèle Belle Epoque de 1902, un entrelacs de fruits et d'arabesques végétales sur fond blanc.

Devenu un passionné, Stéphane Le Guiriec fourmille de projets. Depuis un an, il propose une collection "printemps-été" ou "automne-hiver" de parfums de saison. Au premier trimestre 2014, un nouveau bonbon sera commercialisé. Et les rigolettes seront accessibles en ligne, un soulagement pour les "accrocs" à cette friandise jusque-là difficile d'accès. "En France, les Nantais me suffisent", assène M. Le Guirriec, un brin provocateur. "L'avenir de la Rigolette, c'est l'étranger", ajoute-t-il.

Ses bonbons ont été distribués à partir de 2012 par deux grands magasins de luxe de Tokyo, Isetan et Mitsukoshi, et doivent aussi se retrouver prochainement, avec d'autres produits français, dans un coffret destiné aux palaces du Moyen-Orient.

"bonbons liquides"

Son chiffre d'affaires, 420.000 euros annuel, reste modeste, mais l'entreprise est bénéficiaire. "Si on augmente le tonnage et la rentabilité, la rigolette deviendra un vulgaire bonbon fourré", prévient son nouveau patron.

Beaucoup plus gros en chiffre d'affaires, le fabricant des berlingots nantais Bonté-Pinson est lui aussi en pleine révolution. L'entrepreneur vendéen Patrick Rangeard a racheté l'entreprise en 2008 aux derniers héritiers des confiseries Bonté, née en 1860, et Pinson, fondée en 1895. En 2011, il a déménagé l'usine... en Vendée.

Persuadé de pouvoir développer rapidement la vente de ces bonbons triangulaires en sucre dur et aux fruits devenus nantais au XIXe siècle, Patrick Rangeard a rapidement déchanté.

"Ce sont les bonbons que les enfants ont eus avant la Seconde Guerre mondiale. Après, sont arrivés les bonbons tendres, à commencer par les chewing-gums, avec les Américains... Aujourd'hui, ce sont les grands-parents qui en achètent", explique-t-il. "Alors, on est partis de là avec mon équipe: les gens n'ont plus de dents, ne veulent plus mâcher? On va leur faire des +bonbons liquides+..."

Et dans l'usine qui continue à produire à l'ancienne les berlingots, les Bonté-Pinson ont entrepris de révolutionner tout à la fois les bonbons et les pâtes à tartiner, jusque-là de mauvaise réputation du fait de l'usage d'huile de palme ou de colorants chimiques.

Les premiers goûts -le caramel ressemble à s'y méprendre à un Carambar tandis que le citron est un nappage de tarte au citron plus vrai que nature- sont servis par les produits naturels qui faisaient la réputation de cette confiserie: sucre de betterave de Picardie, crème fraiche de Bretagne, citrons d'Espagne...

Lancés en 2012, ces produits, commercialisés sous le nom de "Pur Bonheur" ont fait bondir en un an le chiffre d'affaires global de 3,5 à 4 millions d'euros, dont 7% à l'export. Pour 30 salariés seulement.

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