Les présidents russe et ukrainien se sont entretenus à Sotchi sur fond de difficultés économiques croissantes de l'Ukraine où les contestataires pro-européens occupent depuis plus de deux mois le centre de Kiev.
Très attendue, la rencontre de vendredi soir n'a été confirmée que samedi matin et rien n'a filtré sur la teneur des discussions.
Cette rencontre "au stade" en marge de l'ouverture des JO de Sotchi était la première depuis l'octroi par la Russie en décembre d'une importante aide économique à l'Ukraine, qui avait semblé sceller l'orientation vers la Russie de cette ex-république soviétique après la suspension par le gouvernement ukrainien d'un accord d'association avec l'Union européenne.
M. Ianoukovitch est rentré samedi en Ukraine mais rien n'a filtré sur les thèmes abordés lors de cet entretien alors que l'Ukraine est secouée par une crise politique depuis plus de deux mois. Le pays est au seuil d'un défaut de paiements en attente d'une nouvelle tranche du plan de sauvetage russe, suspendue.
"Ils se sont parlé au stade. Il n'y a pas eu de rencontre bilatérale officielle, cela n'était pas prévu dans le programme du séjour de Ianoukovitch à Sotchi", a indiqué un porte-parole de la présidence ukrainienne.
La même information laconique a été donnée à Sotchi par le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov.
La Russie a accordé le 17 décembre à Kiev des crédits de 15 milliards de dollars dont trois milliards ont été déjà versés et le rabais d'un tiers sur le prix du gaz russe livré à l'Ukraine.
Moscou a suspendu le versement de la prochaine tranche de son plan de sauvetage au "peuple frère" en attendant de voir plus clair dans l'évolution politique du pays, dont le Premier ministre Mykola Azarov a démissionné la semaine dernière.
Son successeur n'a toujours pas été désigné par M. Ianoukovitch accusé par l'opposition d'aller consulter Vladimir Poutine sur le futur chef du gouvernement.
Pressions commerciales
Signe de pressions russes croissantes, plusieurs produits alimentaires et du charbon ukrainiens exportés depuis l'Est pro-russe de l'Ukraine ont été bloqués depuis le 6 février par les douaniers russes, a indiqué la chambre du commerce de la région de Lougansk, qui fait partie du fief électoral de M. Ianoukovitch.
Le recours à ce moyen n'est pas nouveau. En août, les douanes russes ont perturbé le passage de l'ensemble des marchandises ukrainiennes vers la Russie en pleine négociation d'un accord d'association entre Kiev et l'Union européenne.
Les Occidentaux ont annoncé cette semaine préparer de leur côté une aide économique à l'Ukraine tout en reconnaissant qu'elle aurait du mal à égaler l'offre russe.
L'aide sera en outre conditionnée par des réformes douloureuses que le pouvoir tout comme l'opposition, si elle obtient le contrôle du gouvernement, auront du mal à mettre en place à l'approche des élections.
"Personne n'offrira de soutien économique - Etats-Unis, FMI ou Europe - à une Ukraine n'ayant pas fait de réformes", a souligné vendredi à Kiev la secrétaire d'Etat adjointe américaine Victoria Nuland.
Le Fonds monétaire international a de son côté indiqué que les autorités ukrainiennes n'avaient "pas exprimé leur intérêt pour la reprise de pourparlers ces derniers temps" sur une aide financière.
Entretemps, l'agence de notation Fitch Ratings a dégradé d'un cran la note souveraine de l'Ukraine à "CCC" contre "B-", assortie d'une perspective négative, en raison de l'approfondissement de la crise politique dans le pays depuis novembre.
La banque centrale d'Ukraine a pour sa part introduit vendredi des limitations des achats de devises étrangères, pour tenter d'enrayer le plongeon de la monnaie nationale.
L'Ukraine est depuis fin novembre le théâtre d'une contestation sans précédent qui a dégénéré en janvier et a fait au moins quatre morts et 500 blessés.
Cette semaine, le Parlement a débattu sans grand succès sur une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels au profit du Premier ministre et du Parlement réclamée par l'opposition.
Une nouvelle grande manifestation doit avoir lieu dimanche sur le Maïdan, place de l'Indépendance dans le centre de Kiev occupé depuis fin novembre par les manifestants et entouré de barricades.