Les industriels français espèrent que les engagements d'allègement de charges du Premier ministre Manuel Valls leur permettront rapidement de dégager des marges afin de moderniser un outil industriel qui a pris un sérieux coup de vieux.
"La priorité aujourd'hui est de faire repartir l'investissement industriel. Or, les éléments de visibilité et de continuité (figurant dans l'intervention du Premier ministre) vont dans le bon sens", s'est félicité mercredi Frédéric Saint-Geours, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI).
"Pour la première fois, nous avons une visibilité sur ce qui va se passer dans les trois années qui viennent et nous disposons également d'un calendrier des baisses de charges et de la fiscalité", a-t-il ajouté.
"Et ce que demandent souvent les industriels pour investir, c'est justement de la continuité et de la visibilité", a souligné le patron du GFI, lors d'une conférence de presse du Conseil national de l'industrie (CNI), qui regroupe patronat et syndicats.
La veille, dans sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, M. Valls avait confirmé l'objectif de réduction de 30 milliards d'euros du coût du travail d'ici 2016, inscrit dans le pacte de responsabilité annoncé fin décembre par le président François Hollande.
Pour le secteur, ces allègements de charges, annoncés en pleine Semaine de l'industrie, devraient permettre aux entreprises de disposer de plus de marges pour investir dans le renouvellement d'"un outil industriel vieillissant et qu'il importe de moderniser", a résumé le patron de l'Union des industries chimiques (UIC), Philippe Goebel.
"Il y a une urgence absolue de restaurer les marges des entreprises, en abaissant les prélèvements", avait clamé la veille Jérôme Frantz, président de la Fédération des industries mécaniques (FIM), quelques heures avant la déclaration de M. Valls.
Pour lui, le constat est simple: "le volume des amortissements a dépassé celui des investissements l'an dernier dans l'industrie. Cela signifie que l'on n'investit plus suffisamment dans notre pays et nous ne pouvons plus dès lors être compétitifs. Il s'agit d'un cercle vicieux", a-t-il regretté, insistant sur le vieillissement du matériel industriel hexagonal.
"Le parc des machines a vieilli dans l'industrie française en passant de 17 à 19 ans ces dernières années, alors que les Allemands l'ont ramené à 9 ans", a-t-il expliqué, rappelant que les deux pays étaient "à égalité à 15 ans" il y a une vingtaine d'années.
Les industriels allemands ont investit fortement dans leur outil de production "en achetant 200.000 machines sur les dix dernières années, soit dix fois plus que les Français", a ajouté le président de la FIM.
Avant l'intervention de M. Valls, les industriels se plaignaient également que le crédit d'impôt compétitivité (CICE) ne s'applique qu'aux bas salaires. Or, ce secteur, qui s'efforce de monter en gamme, revendiquait des mesures identiques pour des rémunérations plus élevés.
Autant dire que le secteur a apprécié l'annonce du Premier ministre d'abaisser de 1,8 point au 1er janvier 2016 les cotisations familliales pour les salaires jusqu'à 3 fois et demi le Smic, soit plus de 90% des salariés.
"Bien sûr, nous n'avons pas obtenu tout ce que nous aurions pu souhaiter" a expliqué M. Saint-Geours, qui aurait préféré une baisse des cotisations famille pour l'ensemble des salaires. "Mais nous disposons maintenant d'une feuille de route qui est connue et qui intègre des éléments tout à fait positifs", a-t-il ajouté.
Reste que l'industrie doit désormais démontrer qu'elle va bien investir cet argent dans la modernisation de l'outil industriel et dans la recherche. "Il ne faudrait pas que cet argent parte dans des dividendes ou dans les salaires des patrons", a expliqué à l'AFP une source proche du dossier.