Le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé lundi à l'Espagne des réformes "urgentes" pour améliorer le fonctionnement de son marché du travail et de son système bancaire, à l'issue d'une mission dans le pays.
"La politique du gouvernement doit se concentrer sur un rééquilibrage en douceur de l'économie", a indiqué l'institution dans un communiqué, appelant à "une action urgente et déterminée".
Le FMI a donné trois priorités.
La première est de "rendre le marché du travail plus flexible pour favoriser l'emploi et sa redistribution entre secteurs", dans un pays où le taux de chômage a dépassé les 20% au premier trimestre.
Le Fonds souhaite en particulier que le coût du licenciement soit abaissé "au moins aux niveaux moyens en vigueur dans l'Union européenne", que l'indexation des salaires avec l'inflation soit abolie, et une "décentralisation de la fixation des salaires".
La deuxième priorité est une "consolidation budgétaire pour asseoir les finances publiques sur une base viable". Le gouvernement a lancé des mesures d'austérité destinées à ramener le déficit public de 11,2% du PIB en 2009 à 6% en 2011 et 3% en 2013.
"Une consolidation budgétaire ambitieuse est en cours", a rappelé le FMI, qui a affirmé son soutien à des mesures adoptées en Conseil des ministres jeudi, s'ajoutant à celles annoncées en janvier.
"Le fait d'atteindre ces objectifs sera critique et tout dérapage doit être vigoureusement contrecarré", a estimé le Fonds, qui, dans les scénarios pouvant menacer la reprise de l'économie espagnole, inclut une hausse des taux d'intérêt pour les emprunts d'Etat mais aussi pour ceux du secteur privé.
La troisième priorité est "une consolidation du secteur bancaire et une réforme pour renforcer la santé et l'efficacité du système", pour lequel "les risques restent élevés et inégalement répartis entre institutions, concentrés principalement sur les caisses d'épargne".
Ces risques ont encore été illustrés samedi par le placement d'une de ces caisses d'épargne, la Cajasur, sous tutelle de la Banque d'Espagne.
Après la publication de ce communiqué, le gouvernement a indiqué que l'analyse de la situation économique faite par le FMI correspondait à la sienne.
Le ministère de l'Economie a souligné que "l'urgence" signalée par le FMI concerne des "réformes structurelles" déjà "annoncées" ou bien "mises sur la table" par le gouvernement, comme celles du système de retraite et du marché du travail.
"L'économie de l'Espagne a besoin de réformes profondes et complètes. Les difficultés sont immenses", a expliqué le Fonds, relevant entre autres les "dysfonctionnements du marché du travail", un "déficit budgétaire élevé", ou encore une "croissance de la productivité anémique" et une "faible compétitivité".
Il a rappelé qu'il tablait sur "une poursuite de l'ajustement des divers déséquilibres avec une croissance en hausse progressive, vers 1,5 à 2% à moyen terme".
En avril, le FMI avait indiqué qu'il prévoyait un recul de 0,4% du produit intérieur brut en 2010, avant une croissance de 0,9% en 2011.
Il doit désormais rédiger son rapport annuel sur l'économie espagnole, qui doit détailler tous ces éléments et être publié à l'été.