PARIS (Reuters) - Un brigadier suspecté d'avoir dérobé 52 kilos de cocaïne au siège de la Police judiciaire fin juillet à Paris a été mis en examen mercredi, a-t-on appris de source judiciaire.
Jonathan Guyot, 34 ans, est notamment soupçonné de détournement ou soustraction de biens par une personne dépositaire de l'autorité publique, cession de stupéfiants et blanchiment de trafic de stupéfiants en bande organisée.
Le parquet a requis son placement sous mandat de dépôt et un juge de la détention et des libertés devait statuer sur son sort dans la soirée.
Un deuxième policier, soupçonné de complicité par les enquêteurs, a été placé sous statut de témoin assisté et a pu repartir librement, précise-t-on de même source.
L'annonce de la disparition de la drogue avait créé la stupeur au sein de la PJ, dont l'image avait déjà été ternie, récemment par la mise en examen de deux officiers pour viol.
Jugeant l'affaire très grave, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ordonné un audit "rigoureux et approfondi" de la brigade des stupéfiants.
Le principal suspect interpellé samedi par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), un brigadier de 34 ans, a nié les faits tout au long de sa garde à vue.
Mais les enquêteurs ont découvert des sommes "inexpliquées" de 16.020 et 8.790 euros dans un sac à dos lui appartenant et à son domicile parisien, précise le procureur, qui fait également état de "plusieurs témoignages concordants".
LA DROGUE N'A PAS ÉTÉ RETROUVÉE
Le brigadier a été arrêté sur son lieu de vacances, à Perpignan (Pyrénées Orientales), après avoir été reconnu sur des images de caméras de vidéosurveillance installées à l'entrée de la PJ comme étant l'homme portant deux gros sacs en plastique aperçu par une policière de garde.
Les bandes ont été saisies après la découverte, jeudi dernier, de la disparition de la drogue, d'une valeur de deux millions d'euros à la revente, qui n'a pas été retrouvée.
Selon RTL, les enquêteurs de l'IGPN ont également retrouvé 200 kilos de résine de cannabis dans un box lors de la fouille d'un garde-meuble utilisé par un des policiers suspects.
Mais aucun lien n'a pour l'instant été établi entre cette découverte faite un peu par hasard par un chien anti-drogue et le policier en question, dit-on de source proche de l'enquête.
Le second policier, lui aussi membre de la brigade des stupéfiants, a été interpellé lundi en fin de journée. Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir aidé son collègue à accéder à la salle où sont conservés les scellés des saisies de drogue.
Le brigadier nie être l'auteur du vol. Il dit avoir gagné les quelque 25.000 euros en sa possession en jouant à des jeux en ligne. Un argument souvent utilisé par "les voyous", selon l'ancien directeur de la PJ Claude Cancès.
Les enquêteurs, qui ont entendu l'épouse du brigadier comme témoin, cherchent également à savoir comment ce dernier a acquis sept appartements ou chambres de bonne.
Ils ne s'expliquent pas comment un policier expérimenté, rodé aux techniques d'enquête, ne s'est pas douté qu'il serait filmé par des caméras dont il connaissait l'existence.
(Gérard Bon, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)