BERLIN (Reuters) - Le gouvernement allemand ne juge pas nécessaire d'infléchir sa politique économique pour soutenir la croissance dans la zone euro, a déclaré mercredi sa porte-parole, opposant une fin de non recevoir à l'appel lancé par François Hollande.
"L'Allemagne est déjà le plus important moteur de la croissance de la zone euro et pour répondre à ces déclarations très générales de Paris, nous ne voyons aucun besoin d'apporter le moindre changement à notre politique économique", a déclaré Christiane Wirtz.
La présidence française n'a pas réagi dans l'immédiat.
Dans des déclarations faites à Liège lundi et dans un entretien publié par Le Monde le même jour, François Hollande a demandé à l'Allemagne "un soutien plus ferme à la croissance", jugeant que "ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d'investir davantage".
"Ce que la BCE doit comprendre, et aussi ce que nos amis allemands doivent entendre, c'est qu'il y a des pays en déficit, la France en est un, ces pays-là doivent faire des efforts pour redresser leurs comptes, pour améliorer leur compétitivité, c'est ce que nous faisons en France", a-t-il dit à Liège.
"Et puis il y a des pays qui sont en excédent parce qu'ils ont fait des réformes il y a dix ans que la France n'avait pas faites à l'époque et qui se trouvent dans une position meilleure, et bien ces pays-la peuvent soutenir la consommation, soutenir la demande, augmenter les salaires, faire davantage d'investissements pour qu'il puisse y avoir plus de croissance en Europe. Ce sera bon pour l'Allemagne et bon pour la France."
L'exécutif français prépare depuis plusieurs semaines ses partenaires européens à de mauvaises nouvelles sur l'économie et les déficits, qui devraient être supérieurs à 3% du PIB en 2015 si l'activité reste atone, contrairement à ses engagements.
Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé vendredi dernier qu'il dirait "la vérité aux Français" à la mi-août, tout en avertissant l'Union européenne qu'une consolidation budgétaire trop rapide risquait "d'éteindre la croissance".
Brandissant le spectre de la déflation, le couple exécutif entend convaincre l'Allemagne de l'aider à surmonter cette passe difficile, alors que la France a déjà obtenu un délai de deux ans, de 2013 à 2015, pour ramener ses déficits sous les 3%.
Le président français recevra les dirigeants sociaux-démocrates européens, dont le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, à la veille du Conseil européen du 30 août qui décidera de la répartition des postes à la Commission européenne.
Manuel Valls rencontrera ensuite la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin fin septembre pour tenter d'arracher des concessions sur une initiative censée doper la croissance.
(Alexandra Hudson, avec Julien Ponthus à Paris, Marc Angrand pour le service français, édité par Yves Clarisse)