PARIS (Reuters) - Manuel Valls a promis à des responsables écologistes que l'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, ne se ferait pas mais qu'il ne pouvait pas l'annoncer publiquement, a déclaré mercredi Daniel Cohn-Bendit.
Dans sa chronique matinale sur Europe 1, l'ex-dirigeant Vert est revenu sur les négociations entre des écologistes et le Premier ministre pour un retour -qui n'a finalement pas eu lieu- de ces derniers au sein du gouvernement Valls 2.
"Il y avait des écolos prêts à braver les fatwas du parti" pour entrer au gouvernement", a-t-il raconté. Mais Manuel Valls aurait dit au négociateur "Jean-Vincent Placé, pour ne pas le nommer: 'écoute, cet aéroport on ne le fera pas, il est trop cher, il est d'un autre temps, mais on ne peut pas le dire publiquement parce que je ne peux pas froisser mon prédécesseur Jean-Marc Ayrault'".
L'ancien co-président du groupe des Verts au Parlement européen a jugé "aberrant" que Manuel Valls n'ait pu donner publiquement ce symbole dont les écologistes auraient eu besoin pour pouvoir revenir au gouvernement.
Selon lui, le couple Valls-Hollande avait besoin d'élargir sa majorité après le départ des frondeurs du gouvernement et aurait pu faire preuve "d'écoréalisme".
"Ça, c'est le gouvernement de la vérité, de la vérité économique, et bien je crois que cela va dans la mauvaise direction", a-t-il ajouté.
Sur Twitter, Jean-Vincent Placé n'a ni infirmé, ni confirmé l'information, précisant qu'il ne rapportait pas ses échanges avec le Premier ministre ou le président de la République.
Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes défendu par l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui fut maire de Nantes, est pour l'instant suspendu aux recours déposés en justice par les opposants.
La Commission européenne a adressé en avril dernier une mise en demeure à la France en raison de l'absence de certaines évaluations d'impact environnemental.
Selon Aéroports du grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du projet, les travaux de construction du futur aéroport devraient créer 4.000 emplois. La future plate-forme devrait elle employer 2.500 personnes, soit 500 de plus que l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)