PARIS (Reuters) - Le gouvernement est intervenu mercredi dans le conflit à Air France, au 10e jour de grève des pilotes, en annonçant l'abandon du projet contesté de filiales européennes low cost, mais la direction de la compagnie s'en tient à son offre de "suspension" de Transavia Europe le temps des négociations.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a mis la pression sur la direction d'Air France en réclamant une solution de sortie "pas dans les jours, mais dans les heures qui viennent" afin de ne pas mettre la compagnie "en danger".
La direction d'Air France a précisé avoir repris les négociations mercredi après-midi avec les syndicats de pilotes en vue d'"une résolution rapide du conflit", mais sur la base d'une suspension du projet Transavia Europe.
Selon la direction d'Air France, la grève coûte 15 à 20 millions d'euros par jour à la compagnie, en phase de redressement financier. L'Etat détient environ 16% du capital du groupe Air France-KLM.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, avait annoncé mercredi matin sur RMC le retrait par la direction du projet Transavia Europe, la principale revendication des pilotes, ce que la compagnie a aussitôt démenti.
Le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, a réitéré l'engagement d'Alexandre Juniac, PDG d'Air France-KLM, formulé lundi : suspension de Transavia Europe jusqu'en décembre, puis retrait dans l'hypothèse où les négociations échouaient.
"On a bien compris qu'il fallait réexpliquer le projet et surtout discuter avec les partenaires sociaux pour trouver les conditions qui permettraient de reprendre", a-t-il expliqué sur Europe 1. "Alexandre de Juniac était parfaitement clair, (...) : si effectivement cette négociation n'arrivait pas à aboutir il le retirerait."
LE SNPL POUR LE RETRAIT DE TRANSAVIA EUROPE
L'intervention du gouvernement, jusqu'ici observateur dans le conflit, va dans le sens des revendications des pilotes, qui réclament le retrait "sans conditions" de Transavia Europe.
Ils estiment que le développement des filières européennes conduira à l'absorption de Transavia France et Transavia Hollande, les deux filiales low cost existantes d'Air France, et donc à des délocalisations d'emplois.
Le groupe AF-KLM veut faire passer la flotte de Transavia France de 14 à 37 avions et souhaite ouvrir de nouvelles bases Transavia en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrats locaux.
Le SNPL, syndicat de pilotes majoritaire, a demandé mercredi après-midi qu'Alexandre de Juniac, qui cristallise les critiques au sein de l'entreprise, "se rapproche des positions du gouvernement et qu'il abandonne son projet de Transavia Europe".
"Notre volonté aujourd'hui, c'est de lever la grève le plus vite possible et dans les heures qui viennent et pour cela, il y a un certain nombre de conditions, dont l'arrêt définitif du projet Transavia Europe", a déclaré Jean-Louis Barber, porte-parole du SNPL, devant la presse.
Des salariés d'Air France opposés à la grève ont manifesté mercredi devant le siège de la compagnie à Roissy, près de Paris.
Le trafic restait perturbé mercredi avec 47% des vols assurés. La compagnie prévoit le même nombre de vols jeudi.
(Sophie Louet, avec Marion Douet et Gilles Guillaume, édité par Yves Clarisse)