PARIS (Reuters) - Le polémiste Dieudonné a été mis en examen le 10 juillet dernier pour abus de biens sociaux, fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Une information judiciaire le visant avait été ouverte le 1er avril à la suite de signalements de Tracfin, la cellule française de lutte contre le blanchiment, a-t-on précisé.
Dieudonné faisait notamment l'objet d'un signalement pour avoir fait envoyer par des proches depuis 2009 plus de 400.000 euros au Cameroun, pays d'origine de son père, selon une source proche du dossier.
L'information judiciaire qui le vise concerne également des faits d'organisation frauduleuse d'insolvabilité et d'escroquerie, pour lesquels il n'a pas été mis en examen.
Sanjay Mirabeau, l'avocat de Dieudonné, a salué cette mise en examen, qui permettra à son client d'avoir accès au dossier.
"On a demandé la mise en examen pour prouver qu'on n'a commis aucune infraction fiscale", a-t-il dit à Reuters, ajoutant s'attendre à une clôture prochaine de l'enquête et n'avoir aucune inquiétude quant à son issue.
"Tout est régulier", a poursuivi Sanjay Mirabeau. "Ils essaient de trouver des choses pour le gêner dans sa tournée." Celle-ci doit commencer le 27 décembre prochain à Nantes.
Le DVD du nouveau spectacle du polémiste, dont le précédent show, "Le Mur", a été interdit dans plusieurs villes en début d'année en raison de propos jugés antisémites, a été envoyé au ministre de l'Intérieur, au procureur de Paris et au Conseil d'Etat, a indiqué l'avocat.
Célèbre pour sa "quenelle", geste interprété comme un salut nazi inversé par des associations mais qu'il présente comme une manifestation "antisystème", Dieudonné est confronté à de nombreuses poursuites judiciaires en France.
Il sera ainsi jugé le 26 novembre prochain devant le tribunal correctionnel de Paris pour un appel aux dons qu'il avait lancé pour l'aider à payer des amendes pénales qu'il a depuis régularisées.
La loi sur la presse interdit d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires, sous peine de six mois d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende, ou de l'une de ces deux peines.
Il ne s'agissait pas de dons mais de prêts déclarés auprès des impôts, assure Me Sanjay Mirabeau.
Le parquet de Paris a par ailleurs ouvert en septembre dernier une enquête préliminaire visant Dieudonné pour "apologie d'actes de terrorisme" après la diffusion d'une vidéo sur l'assassinat du journaliste américain James Foley par l'Etat islamique.
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)