PARIS (Reuters) - François Hollande et Manuel Valls ont appelé mardi à l'apaisement au moment où le ministère de l'Intérieur et les écologistes se livrent à une violente passe d'armes après la mort dans des circonstances encore à déterminer d'un jeune homme sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn).
Des responsables écologistes, qui disent avoir alerté les autorités sur des violences régulières sur le site depuis près de deux mois, ont accusé les forces de l'ordre d'avoir causé la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, bien que l'enquête soit encore en cours.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, mis en cause directement par certains élus dont José Bové, a répliqué et a provoqué de nouvelles réactions d'écologistes qui lui ont reproché de préférer la polémique à la responsabilité.
François Hollande ne s'était pas exprimé depuis la découverte du corps de la victime dans la nuit de samedi à dimanche et se l'est vu reprocher vivement par son ancienne ministre Cécile Duflot.
"Je ne peux pas accepter que dans un pays on se déchire sur le drame humain qui vient de se produire près du barrage de Sivens", a dit le chef de l'Etat mardi à des journalistes en évoquant pour la première fois le sujet.
"Un jeune de 21 ans est mort et, quelles que soient les circonstances, quand un jeune disparaît, meurt, la première des attitudes, la première des réactions, c'est celle de la compassion", a ajouté le président, qui a appelé les parents du jeune homme mardi matin.
"La seconde réaction, celle que les pouvoirs publics doivent engager avec la justice, qui est saisie, c'est la vérité, toute la vérité sur ce qu'il s'est passé durant cette manifestation qui a été violente, sur les causes de la mort, et j'y veillerai personnellement", a-t-il dit.
"Nous devons faire preuve de responsabilité dans les déclarations publiques, toutes les déclarations publiques."
Le chef de l'Etat a rappelé que la France est "un état de droit" et, comme son ministre de l'Intérieur, que des policiers et gendarmes avaient été blessés dans les jours ou semaines qui ont précédé les violences fatales au jeune manifestant.
"En même temps, les forces de l'ordre doivent faire en sorte que leur réponse soit proportionnée", a-t-il dit.
"La première responsabilité, c'est la mienne, et c'est d'appeler lorsqu'il y a des moments qui sont éprouvants à l'apaisement, à la compréhension et au droit. Nous sommes dans un pays de droit", a insisté François Hollande.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a pour sa part regretté "des mises en cause qui ne sont pas à la hauteur du drame que nous connaissons".
"Tout propos public, tout propos doit être dans la mesure. On peut comprendre l'indignation, le questionnement et dans une démocratie cela est tout à fait normal, tout à fait logique. Mais il faut faire preuve de responsabilité", a dit le chef du gouvernement. "Tous les propos excessifs ne contribuent pas à l'apaisement."
(Gregory Blachier, édité par Yves Clarisse)