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Bangladesh: Dacca choqué par les sanctions commerciales américaines

Publié le 27/06/2013 22:35

Le Bangladesh a dénoncé vendredi les suppressions "choquantes" des droits commerciaux décidées par les États-Unis en raison des dangereuses conditions de travail des ouvriers, Dacca assurant avoir pris des mesures pour renforcer la sécurité depuis l'effondrement d'un immeuble en avril qui a tué plus d'un millier d'ouvriers du textile.

Le président américain, Barack Obama, a estimé qu'au regard de l'échec de Dacca à protéger les droits fondamentaux de ses ouvriers, le Bangladesh perdait ses privilèges inscrits dans un mécanisme d'échanges commerciaux impliquant les pays en développement.

Même si ces droits ne concernent pas le secteur textile, la décision américaine est un sérieux revers pour le Bangladesh qui tente de persuader les groupes étrangers que la sécurité industrielle a été renforcée et de convaincre les grandes marques occidentales d'habillement de continuer de s'approvisionner auprès des 4.500 usines textiles du pays.

Cette mesure annoncée par les USA implique que de nombreuses sociétés important des biens produits au Bangladesh devront payer des droits de douane pour les faire acheminer aux États-Unis par exemple.

Les autorités au Bangladesh ont assuré avoir mis en place une série de réformes depuis l'effondrement le 24 avril du Rana Plaza, un immeuble qui abritait des ateliers de confection travaillant notamment pour des marques occidentales. L'accident a fait 1.229 morts, le pire bilan dans l'histoire industrielle du pays.

"Rien ne peut être plus choquant pour les ouvriers du Bangladesh que la décision de suspendre le +GSP+" (Generalized System of Preferences), un mécanisme offrant certains avantages commerciaux à quelque 127 pays en développement, a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Ces sanctions tombent "au moment où le Bangladesh a pris des mesures concrètes et visibles pour améliorer la sécurité des usines et protéger les droits des ouvriers", a-t-il ajouté.

"Même si le Bangladesh respecte le choix décisionnel de ses partenaires commerciaux, le pays s'inquiète que cette sévère mesure entraîne de nouveaux obstacles à notre commerce bilatéral, par ailleurs florissant", a poursuivi le ministère des Affaires étrangères.

Le président Obama a annoncé jeudi avoir décidé "qu'il est approprié de suspendre le Bangladesh du programme +GSP+ pour les pays en développement car il n'a pas pris ou ne prend pas de mesures pour faire appliquer les droits internationaux des travailleurs dans son propre pays".

Les tragédies récentes dans le secteur du textile "ont permis de mettre au jour les importantes atteintes aux droits des ouvriers et les normes de sécurités des usines au Bangladesh", a affirmé le représentant américain au commerce extérieur Michael Froman. Outre le drame du Rana Plaza, plusieurs incendies récents ont coûté la vie à des centaines d'ouvriers.

Le Bangladesh a contre-attaqué en dressant une liste des mesures prises depuis le 24 avril, citant notamment des changements dans les lois du travail et un accord avec l'Organisation internationale du travail.

Gowher Rizvi, conseiller en politique étrangère auprès du Premier ministre, Mme Sheikh Hasina, a dit son espoir de faire changer d'avis les États-Unis d'ici la fin de l'année.

"Nous sommes très confiants dans le fait que les États-Unis auront révisé d'ici six mois notre statut de GSP", a-t-il assuré.

Mais pour des militants des droits du travail au Bangladesh, les mesures prises par le gouvernement en matière de sécurité restent largement insuffisantes.

"Le gouvernement a eu tout le temps d'améliorer la sécurité au travail avant que les États-Unis suppriment leurs droits. Une série d'accidents ne l'a même pas tiré du sommeil. Ce n'est qu'après le Rana Plaza qu'il a pris quelques mesures, mais de nombreuses d'entre elles sont cosmétiques", estime Kalpona Akter, responsable du Centre pour la solidarité des travailleurs.

"Certaines clauses des lois sur le travail amendées sont anti-ouvriers", a-t-elle jugé.

Lors d'un débat sur un amendement des lois du travail, des représentants syndicaux ont unanimement rejeté les changements proposés en jugeant qu'ils ne garantissaient pas les droits des plus de trois millions d'ouvriers du secteur textile.

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des marques telles que Walmart, Carrefour ou encore H&M. Pilier de l'économie, le secteur représentait l'an dernier 80% des exportations s'élevant à 25 milliards de dollars.

Sous la pression d'organisations syndicales internationales, des marques occidentales ont signé un nouveau protocole sur la sécurité dans les usines, impliquant des inspections d'experts indépendants et le droit des ouvriers à refuser de travailler.

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