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Banque du Vatican: le pape accélère la reprise en main

Publié le 02/07/2013 12:05
Mis à jour le 02/07/2013 13:45

Après l'instauration d'une commission d'enquête, l'opération "reprise en main" du pape François au sein de la banque du Vatican vient de connaître une nouvelle accélération avec le limogeage de deux dirigeants de longue date de l'IOR.

Officiellement le directeur général Paolo Cipriani et son adjoint Massimo Tulli ont présenté de leur plein gré leur démission "dans l'intérêt du Saint Siège et de l'IOR", l'Institut pour les oeuvres religieuses, le nom officiel de la "banque des papes".

Le président de l'IOR, l'Allemand Ernst von Freyberg, nommé par l'ex-pape Benoît XVI juste avant sa démission en février, a assuré dans un communiqué que la banque avait "besoin d'une nouvelle direction pour accélérer le rythme du processus de transformation".

En réalité, selon les médias italiens, il s'agit bien d'un limogeage des deux plus puissants dirigeants de la banque du pape restés en place après le limogeage à grand fracas en mai 2012 d'Ettore Gotti Tedeschi de la présidence de l'IOR pour des erreurs de gestion.

Selon le Corriere della Sera de mardi, leur mise à l'écart a été jugée "opportune" car ils figurent en tête des personnes visées par une enquête sur des soupçons de blanchiment d'argent sale lancée en 2010 par le parquet de Rome qui sera "terminée dans les prochains jours" et devrait déboucher sur leur renvoi en justice.

L'enquête avait démarré avec la spectaculaire mise sous séquestre de 23 millions d'euros appartenant à l'IOR après des mouvements suspects entre des comptes de l'Institut en Italie et en Allemagne. Quand l'IOR avait commencé à collaborer, les fonds avaient été débloqués mais les investigations du parquet de Rome visant MM. Cipriani, Tulli et Gotti Tedeschi se sont poursuivies.

Plusieurs médias ont aussi parlé de liens d'amitié entre les deux hommes et Mgr Nunzio Scarano, ex chef de la comptabilité de l'APSA, l'agence qui gère le patrimoine du Vatican, arrêté vendredi dernier à Rome pour avoir rapatrié de Suisse vers ses comptes à l'IOR 20 millions d'euros, "fruits d'une fraude fiscale".

Pour Carlo Marroni, vaticaniste du journal économique Sole 24 Ore, ces évènements sont "les premiers résultats de la cure imposée par le pape François". Ce que d'autres vaticanistes qualifient de "révolution" a commencé à la mi-juin par la nomination de Mgr Battista Ricca, homme de confiance du pape, au poste de "prélat" de l'IOR, une sorte de numéro deux qui a droit de regard absolu.

Ensuite la semaine passée, Jorge Bergoglio a institué par un document écrit de sa main une commission formée de quatre religieux et une laïque chargée d'inspecter l'IOR et de proposer une réforme dont les grandes lignes devraient être connues en octobre.

Après l'affaire Scarano, "la réaction a été immédiate, la Curie du pape jésuite a compris qu'il ne s'agit plus de traiter les problèmes financiers comme ceux de la pédophilie en multipliant les transferts et en retournant les accusations", a estimé Carlo Marroni du Sole 24 Ore.

Pour Marco Politi, vaticaniste du journal de gauche Fatto Quotidiano, l'intention du pape "n'est pas d'abolir l'IOR car le Vatican a besoin d'une banque mais il veut le ramener à son rôle initial d'assistance financière du Vatican".

"Le pape veut la réformer pour empêcher que s'infiltrent dans l'IOR des personnes qui n'ont rien à voir avec l'Eglise", a indiqué M. Politi à l'AFP. L'ex-archevêque de Buenos Aires, connu pour sa poigne et son mode de vie spartiate, a récemment relevé avec humour lors d'une messe que "Saint Pierre n'avait pas de compte en banque", plaidant sans relâche pour une Eglise au service des pauvres.

L'enquête du parquet de Rome dont se sont fait l'écho les journaux, montre que sur certains des 19.000 comptes, dont sont titulaires des religieux ou des laïcs travaillant au Vatican, ont transité des fonds de provenance douteuse.

Au fil des ans, des scandales retentissants ont entaché la réputation de l'IOR, des criminels et autres mafieux ayant profité de l'anonymat ou de prête-noms plus ou moins consentants pour y blanchir leurs fonds.

Le plus important avait été en 1982 la faillite du Banco Ambrosiano, un scandale bancaire qui mêlait CIA (Agence de renseignement américaine) et loge maçonnique. L'affaire Enimont (1993) de pots-de-vin à des partis politiques italiens a aussi éclaboussé l'IOR.

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