Après avoir été accusée de freiner l'adoption d'un plan de soutien à la Grèce, l'Allemagne, première puissance économique européenne, a salué dimanche le programme d'austérité annoncé par Athènes mais réclamé son application "à la virgule près".
"Je crois qu'il s'agit d'un plan très ambitieux" qui va nécessiter "un haut niveau de capacité politique de mise en oeuvre", a salué la chancelière allemand Angela Merkel devant des journalistes, en marge d'une réunion ministérielle consacrée au changement climatique à Bonn.
"Je pense qu'il s'agit de la seule façon d'assurer la stabilité de l'euro", a-t-elle ajouté, au sujet du plan d'aide financière à la Grèce.
L'accord doit permettre de débloquer des prêts de l'ordre de 110 milliards d'euros de la zone euro et du Fonds monétaire international sur trois ans, afin d'éviter à la Grèce, confrontée à une dette colossale de plus de 300 milliards d'euros, un défaut de paiement à moyen terme.
De son côté, Athènes a annoncé un plan d'économies de 30 milliards d'euros sur trois ans, qui se traduira par la perte de deux mois de revenus sur 14 pour les fonctionnaires et la plupart des retraités, ainsi que par une hausse de deux points de la TVA, à 23%, ou encore un allongement de la durée de cotisation pour partir en retraite à 40 annuités contre 37.
Berlin avait traîné des pieds de façon ostentatoire dans les négociations sur l'aide à apporter à Athènes.
Mais, en tant que principal contributeur au sein de l'UE, l'Allemagne entend bien maintenant s'assurer que les contreparties promises seront bien appliquées "à la virgule près", comme l'a indiqué le ministre de l'Economie, Rainer Brüderle.
"De même que l'Allemagne et les citoyens allemands s'impliquent en faveur de la stabilité de la zone euro, j'attends maintenant du gouvernement grec qu'il mette en oeuvre rapidement, avec détermination et de façon crédible, à la virgule près, le plan d'austérité" , a-t-il déclaré dans un communiqué.
Il promet également que l'accord passé entre la Grèce d'une part et le FMI et l'Union européenne d'autre part "sera examiné avec minutie" par le gouvernement allemand.
Le temps presse, toutefois, et le calendrier des prochains jours ne laissera pas de place aux arguties.
Dès lundi, le projet de loi devra être ficelé par le conseil des ministres, afin d'être présenté en première lecture au Parlement dès mercredi et permettre une adoption vendredi.
Angela Merkel sait que l'aide à la Grèce reste impopulaire en Allemagne, alors que sa majorité -- son parti conservateur CDU/CSU et les Libéraux du FDP -- doit affronter dimanche prochain une élection régionale cruciale en Rhénanie du nord-Westphalie (ouest).
Un sondage publié dimanche par l'édition dominicale du quotidien populaire Bild montre que 56% des Allemands sont contre l'aide à la Grèce, contre 39% seulement qui l'approuvent.
Dans un entretien à ce même Bild am Sonntag, Mme Merkel essaie de rassurer ses concitoyens en affirmant que les autres pays à risque dans l'UE, comme le Portugal, l'Espagne ou l'Irlande, "peuvent voir que le chemin pris par la Grèce aux côtés du FMI (Fonds monétaire international) n'est pas facile".
"En conséquence, ils vont faire tout leur possible pour éviter de se retrouver dans une telle situation, et ils ont déjà annoncé des plans d'économies", a-t-elle poursuivi.