La banque française BNP Paribas a publié mercredi un bénéfice net trimestriel plus que doublé et a annoncé avoir déjà atteint l'ensemble des objectifs de son plan d'adaptation au nouveau cadre réglementaire, se disant prête à repartir sur la voie du développement.
"Nous sommes totalement de retour aux affaires", a lancé le directeur financier, Lars Machenil, lors d'une conférence téléphonique.
Pour satisfaire aux exigences renforcées du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III qui doit entrer graduellement en vigueur à partir de 2013, et réduire sa dépendance aux financements en dollars, la banque s'était engagée, à l'automne 2011, dans un lourd programme d'adaptation.
Elle l'a mené à marche forcée et a atteint ou dépassé l'ensemble des objectifs avec un trimestre d'avance.
Son ratio de fonds propres "durs" (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits accordés) ressort à 9,5% selon la méthode de calcul intégrale de Bâle III, alors que sa cible n'était que de 9% pour fin 2012.
BNP Paribas a allégé son bilan, renforcé ses fonds propres, augmenté ses ressources en liquidités et réduit ses besoins de financement, comme cherchent à le faire toutes les grandes banques occidentales mais avec un rythme parmi les plus soutenus.
Elle est parvenue à retrouver très tôt des marges de manoeuvre pour saisir les opportunités dans un monde bancaire en reconstruction, où les cartes sont rebattues.
La banque ne le cache pas, elle a retrouvé l'appétit. "La guerre est finie. On repart de l'avant, on croît", a résumé M. Machenil, EN soulignant les bons résultats de la banque de financement et d'investissement (BFI) au troisième trimestre.
Interrogé sur la décision de son concurrent suisse UBS de se retirer des activités de taux (obligations et produits dérivés), M. Machenil a assuré que BNP Paribas "était en très bonne position" sur ces métiers.
Elle entend même s'y développer aux Etats-Unis, où elle avait dû temporairement réduire la voilure depuis un an, a ajouté le directeur financier.
Durant les trois mois de juillet à septembre, BNP Paribas a dégagé, au total, un bénéfice net de 1,32 milliard d'euros, plus que doublé par rapport à la même période de 2011 (+144%) et supérieur aux attentes.
Ce bond est largement dû à l'impact majeur des provisions passées sur la dette grecque au troisième trimestre de l'an passé, mais les analystes n'en ont pas moins relevé la bonne tenue des deux grands moteurs de la banque, la BFI et la banque de détail.
"Ces résultats renforcent la position de BNP Paribas comme valeur refuge" parmi les bancaires, ont commenté les analystes de Credit Suisse.
L'enthousiasme s'est rapidement propagé à l'ensemble du marché, le titre gagnant en séance jusqu'à 5,40% avant de ralentir. En clôture, il progressait encore de 1,07% à 39,54 euros, à contre-courant du marché parisien, en net repli de 1,99%.
Outre les activités de marché, les analystes ont été sensibles à la résistance de la banque de détail, notamment sur les trois marchés principaux que sont la France, la Belgique et l'Italie.
Pour compenser le tassement de l'activité lié à la dégradation de la conjoncture, BNP Paribas est parvenu à maîtriser ses coûts pour préserver ses marges.
"Que cela nous plaise ou non, nous allons devoir continuer à maîtriser nos coûts" en banque de détail, a prévenu M. Machenil, insistant sur la conjoncture mais surtout sur l'environnement de taux historiquement bas qui compresse mécaniquement les marges des établissements financiers.