La Commission européenne a proposé jeudi d'autoriser les compagnies aériennes à vendre leurs créneaux horaires pour décongestionner les aéroports de l'UE et lutter contre les retards afin de leur conserver leur position stratégique.
"Nous sommes en train d'améliorer le ciel unique européen. Après l'augmentation des capacités dans les airs, aujourd'hui nous redescendons sur terre", a souligné le commissaire chargé des Transports Siim Kallas.
Les grands aéroports européens sont à la limite de leurs capacités. Cinq sont actuellement saturés: Heathrow et Gatwick en Grande-Bretagne, Orly en France, Milan-Linate en Italie et Düsseldorf en Allemagne. Ils seront 19 en 2030, dont Roissy-Charles de Gaulle, Rome, Francfort et Munich, Madrid, Vienne, Dublin et Amsterdam-Schiphol, et cela malgré l'ouverture de nouvelles pistes.
70% des retards dans les vols sont causés par des problèmes au sol, souligne le commissaire, dont les propositions tentent de remédier à ces difficultés.
Ces retards ont une incidence sur les capacité de gestion des vols dans l'espace aérien de l'UE, dont la Commission à préconisé le renforcement.
La saturation des capacités des grandes plateformes aéroportuaires européennes pourrait provoquer des retards pour la moitié de tous les vols. "Face à une concurrence mondiale acharnée, nous devons nous adapter ou risquer de perdre toute influence", a averti Siim Kallas.
Les analyses menées pour la Commission indiquent que "la moitié du trafic supplémentaire attendu au cours des 20 prochaines années concernera des vols au départ, à destination et à l'intérieur de la région Asie-Pacifique".
Le constat est cinglant: l'Europe va être rétrogradée dès 2012, passant de la 2e à la 3e position pour les capacités de connexions.
Elle doit désormais mener deux actions: gagner en capacités et en qualité pour les services.
La possibilité donnée aux compagnies de vendre des créneaux horaires s'inscrit dans cette logique. La Commission veut les inciter à se défaire de créneaux qui leur ont été attribués gratuitement, mais qui grèvent leurs comptes, car elles sont obligées de faire voler des avions non remplis pour éviter de les perdre.
La proposition encadre ce commerce: les séries de créneaux mises en vente par une compagnie sur un aéroport, par exemple le lundi à 08H00, devront être "plus longues" --10 créneaux en hiver, 15 en été, contre 5 actuellement-- et, surtout, "consécutives", ce qui n'est pas le cas actuellement.
Elle durcit en outre les règles existantes. Pour conserver leurs créneaux horaires d'une saison à l'autre, les compagnies devront les utiliser à 85% pendant dix semaines consécutives, contre 80% sur cinq semaines actuellement.
La proposition a été jugée "inutile" jeudi par l'IACA, une association qui représente 29 compagnies.
Siim Kallas a par ailleurs insisté sur la nécessité d'améliorer les services d'assistance au sol. 70% des retards sont imputables aux durées de rotation dans les aéroports, soulignent ses services.
Le commissaire souhaite que les aéroports proposent au moins trois prestataires de services pour les bagages, les opérations de piste, le ravitaillement en carburant et huile, les opérations de fret et de poste.
Il recommande en outre de "renforcer la protection des droits des travailleurs en prévoyant que le personnel puisse bénéficier d'un transfert préservant ses conditions lorsqu'un contrat est attribué à un nouveau fournisseur".
Ces mesures devraient dégager un bénéfice économique évalué par la Commission à 5 milliards d'euros sur la période 2012-2025 et permettre de faire transiter 24 millions de personnes en plus chaque année par les aéroports européens.