Un an et demi après l'éviction de son directeur général Alessandro Profumo, la première banque italienne UniCredit était de nouveau secouée par le départ prochain de son président Dieter Rampl sur fond de divergences sur la gouvernance avec les actionnaires.
A l'issue d'une réunion fleuve de six heures mardi, M. Rampl a "informé le conseil d'administration de sa décision de ne pas être disponible pour un nouveau mandat" alors que l'assemblée générale de la banque doit élire un nouveau conseil en mai, a annoncé UniCredit dans un communiqué succinct mardi soir.
"Le conseil d'administration, le collège syndical et la direction ont manifesté leurs plus sincères remerciements à Dieter Rampl pour son rôle et sa contribution personnelle dans l'affirmation d'UniCredit comme groupe bancaire européen de premier plan depuis la fusion avec HVB en 2005", a ajouté la banque.
Ce départ de M. Rampl est le signe, selon la presse, de nouvelles turbulences au sein de la première banque du pays seulement un an et demi après l'éviction choc en septembre 2010 du directeur général Alessandro Profumo dans laquelle M. Rampl avait joué un rôle de premier plan, en raison d'un conflit avec le conseil sur la montée de la Libye au capital.
"Tremblement de terre à UniCredit, Rampl s'en va", titre La Repubblica, "Virage au sommet", abonde le Corriere della Sera.
En bourse, le départ de M. Rampl, qui n'a pas de rôle opérationnel dans la gestion de la banque, semblait pourtant laisser de marbre les investisseurs.
Vers 09H45 GMT, le titre UniCredit prenait 1,41% à 3,894 euros, dans un marché en hausse de 0,42%, porté comme les autres valeurs bancaires par l'opération exceptionnelle de prêt de la BCE.
M. Rampl, président de la banque depuis janvier 2006 à la suite de sa fusion avec la banque allemande HVB dont il était le patron, était prêt à effectuer un troisième mandat.
A une seule condition toutefois - "je resterai président seulement s'il y a un projet de gouvernance valide pour tous les actionnaires, italiens et internationaux", avait-il dit il y a dix jours.
Alors que la recapitalisation de 7,5 milliards d'euros de la banque a rebattu les cartes au sein de l'actionnariat, le premier actionnaire étant désormais le fonds Aabar d'Abou Dhabi avec 6,5%, l'Allemand, âgé de 64 ans, était partisan d'une nouvelle gouvernance avec un conseil plus international, comportant plus d'experts du secteur bancaire et moins de membres.
Mais, selon la presse italienne, ce projet n'était pas du goût des fondations bancaires italiennes, actionnaires historiques de la banque qui détiennent environ 10% du capital.
M. Rampl "a été convaincu de se retirer par l'attitude des principales fondations, inquiètes de pouvoir maintenir leur poids actuel dans la gouvernance", écrit mercredi l'influent quotidien économique Il Sole 24 Ore.
Des fondations qui lui ont donc "retiré leur soutien", selon La Repubblica.
Les jeux sont désormais ouverts pour trouver un nouveau président, un poste auquel les fondations veulent nommer un Italien.
Le nom du numéro deux de la Banque d'Italie, Fabrizio Saccomanni, candidat malheureux l'an dernier à la succession de Mario Draghi, celui de Gian Maria Gros Pietro, ex-président d'ENI et d'Atlantia, ou celui de Fabrizio Palenzona, vice-président d'UniCredit qui a pourtant indiqué qu'il n'était pas candidat, sont cités par la presse.