La Russie, confrontée à une importante fuite de capitaux, va tenter de persuader les investisseurs étrangers qu'elle est sur la voie de la modernisation lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, marqué cette année par la présence du président chinois Hu Jintao.
La quinzième édition de cette manifestation, qui se tiendra de jeudi à samedi dans l'ancienne capitale impériale russe, mettra cette année à l'honneur les économies émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Le président russe Dmitri Medvedev et son homologue chinois, Hu Jintao, prononceront vendredi leurs discours devant les participants au forum.
La présidente finlandaise Tarja Halonen, le chef de l'Etat kazakh Noursoultan Nazarbaïev, le sri-lankais Mahinda Rajapakse et le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero seront aussi des invités d'honneur.
Le Forum, qui se veut une grand-messe des affaires, à l'instar du Forum économique mondial de Davos, sera l'occasion pour plusieurs entreprises de signer des accords commerciaux.
Mais le plus attendu d'entre eux, et toutefois encore incertain, est le méga-contrat entre les géants russe Gazprom et chinois CNPC pour la livraison de gaz russe en Chine sur les trente prochaines années.
Moscou et Pékin se sont récemment fixés comme objectif de signer ce document, en négociations depuis 2009, lors du Forum. Mais l'accord bute sur la question du prix du gaz vendu.
Pour l'heure, les deux parties n'ont toujours pas réussi à trouver un terrain d'entente.
Mardi, le quotidien Kommersant soulignait que la Chine, qui s'est assurée ces dernières années plusieurs sources d'approvisionnement en Asie centrale, au Moyen-Orient ou encore en Afrique, était en position de dicter ses conditions à la Russie et ne capitulerait pas sur la question du prix.
Le Forum sera aussi l'occasion pour M. Medvedev de marteler que son pays est sur la voie de la modernisation.
Un message d'autant plus crucial alors qu'approche l'élection présidentielle de mars 2012. M. Medvedev, tout comme son puissant Premier ministre Vladimir Poutine à qui il a succédé au Kremlin, n'a pas encore annoncé s'il serait candidat.
Signe d'une rivalité ou jeu savamment orchestré par le pouvoir, M. Medvedev a déjà tenté à plusieurs reprises de se démarquer de son mentor sur le terrain de la modernisation et de la diversification de l'économie, remarquant par exemple qu'il souhaitait mener ce processus plus rapidement que M. Poutine.
Mais la fuite des capitaux, qui s'est accélérée depuis le début de l'année et a déjà atteint sur les cinq premiers mois de 2011 35 milliards de dollars, mine pour l'instant cette ambition.
Et les politiques menées ces dernières années par les autorités russes sont régulièrement critiquées par les institutions internationales.
Mardi, une mission du FMI en Russie a jugé que celles-ci n'étaient "pas assez ambitieuses" et averti qu'à ce rythme, la croissance du pays pourrait retomber sous les 4% annuels à moyen terme.
La semaine dernière, la Banque mondiale a estimé dans un rapport que la Russie n'était pas devenue plus compétitive depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, et allait encore perdre du terrain face aux autres économies émergentes si elle ne réduisait pas le poids de l'Etat dans l'économie.
Une exigence à laquelle le pays va devoir se plier s'il veut réussir à attirer les investissements étrangers et transformer Moscou en place financière internationale.
Lors du Forum, la Russie va lancer un fonds souverain de 10 milliards d'euros alimenté par des investissements russes et étrangers.