Les dépenses de prise en charge de la dépendance vont doubler, voire tripler dans les pays de l'OCDE d'ici 2050, prévient l'organisation dans un rapport publié mercredi, appelant les Etats à améliorer leur gestion en la matière et à mieux aider les acteurs du secteur.
En 2008, ces dépenses ont représenté en moyenne 1,5% du PIB des pays de l'OCDE (pays riches). Elles se sont échelonnées de 0,1% du PIB au Portugal à 3,6% en Suède, la France étant proche de la moyenne avec 1,7%.
Mais, prédit l'organisation, ces dépenses "devraient au moins doubler, voire tripler, à l'horizon 2050", la population âgée de 80 ans et plus passant de 4% à près de 10% sur la même période.
Fort de ce constat, Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, souligne que "les politiques manquant de cohérence qui sont en place dans de nombreux pays doivent être revues".
Selon lui, il faut "optimiser les dépenses" et "épauler les aidants familiaux, qui constituent l'épine dorsale des dispositifs de prise en charge de longue durée".
Actuellement, au sein de l'OCDE, quelque 70% des personnes dépendantes sont prises en charge à domicile, un système moins coûteux que la prise en charge en établissement, qui, bien que moins utilisée, absorbe 62% des dépenses. Et plus d'un adulte sur dix s'occupe d'une personne fragilisée.
Mais, indique le rapport, aider un proche dépendant n'est pas sans conséquences, les aidants étant confrontés "à un risque plus élevé de pauvreté" et à une probabilité de problèmes de santé mentale accrue de 20%. Pour l'OCDE, "il n'est pas souhaitable de trop solliciter les aidants familiaux".
Par conséquent, outre une aide renforcée pour ces personnes, "de nombreux pays doivent renforcer leur secteur formel" et effectuer "de solides réformes visant à attirer davantage de main d'oeuvre".
Le secteur de la dépendance (infirmiers, auxiliaires de vie, etc.) emploie aujourd'hui entre 1% et 2% de la population active et l'organisation estime que "de nombreux pays verront cette proportion plus que doubler d'ici 2050".
Pour "satisfaire la demande future", l'OCDE préconise de solliciter davantage d'"aidants formels migrants", déjà bien présents dans de nombreux pays (un sur quatre aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et jusqu'à un sur deux en Autriche, Grèce, ou Italie). Ils suggèrent notamment d'augmenter le nombre de permis de travail qui leur sont accordés.
Pour la France, les auteurs du rapport se refusent à établir un palmarès, mais situent le pays dans le haut de la fourchette en matière de gestion de la dépendance, derrière le Japon qui "fait beaucoup" pour les travailleurs du secteur, et les pays nordiques, même si leur mode de gestion "coûte beaucoup plus cher".
Mais, notent-ils aussitôt, la tendance est à la convergence au sein de l'OCDE. "Les pays excessivement généreux (pays nordiques, ndlr) ont tendance à dire qu'il faut cibler un peu plus" les aides, tandis que "les pays qui avaient des systèmes de filets de sécurité" pour les plus pauvres, comme les Etats-Unis ou la Corée, se rendent compte "qu'il faut quelque chose d'un peu plus universel".
Parmi les points positifs pour la France, l'OCDE note que les dépenses devraient y doubler plutôt que tripler et salue un "exemple d'universalisme ciblé", avec l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA) "qui varie selon les besoins et la capacité à contribuer". Ils notent aussi que la France est le pays ayant le marché de l'assurance-dépendance le plus développé, 15% de la population de 40 ans et plus ayant une couverture de ce type, devant les Etats-Unis où ce taux est de 5%, jugeant toutefois que ce type d'assurances privées restera sans doute un phénomène de "niche" au sein des 34 pays de l'OCDE.