Avant même la fin de son OPA, le groupe laitier français Lactalis, qui détient près de 29% de Parmalat, doit prendre mardi le contrôle du conseil d'administration du groupe italien en vue de donner naissance au numéro un mondial des produits laitiers.
Réunis en assemblée générale à Parme (nord), siège de Parmalat, à partir de 14H00 GMT, les actionnaires du groupe italien doivent élire un nouveau conseil.
Et avec sa part de près de 29%, Lactalis, connu pour ses marques Lactel, Président ou Bridel, devrait être en mesure de conquérir 9 sièges sur 11, le capital de Parmalat étant très éclaté entre de nombreux fonds d'investissement. Les deux autres postes reviendront aux actionnaires minoritaires.
Le français n'aura donc pas à attendre la fin de son offre publique d'achat (OPA) le 8 juillet pour présider à la destinée de Parmalat avec qui il pèsera 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel cumulé, devenant ainsi le numéro un mondial des produits laitiers.
Cette assemblée de Parmalat signera l'adieu du directeur général Enrico Bondi, artisan de la renaissance du groupe italien après sa faillite retentissante en 2003 et qui a bataillé ferme contre l'offensive de Lactalis.
Le choix de Lactalis pour le poste de directeur général de Parmalat n'aurait pas encore été arrêté mais la presse juge probable la nomination d'Antonio Sala, directeur général délégué de Lactalis et président de Lactalis Italie. Franco Tato, ancien patron du groupe d'énergie Enel, devrait devenir de son côté président.
Ces nominations ne devraient toutefois être entérinées qu'au cours des prochains jours, lors de la première réunion du conseil.
La prise de pouvoir de Lactalis intervient après des mois de bras de fer.
Prenant tout le monde de court, le français, coutumier des passages en force, annonce le 17 mars qu'il détient environ 11% de Parmalat et continue à grappiller des titres les jours suivants.
Alors que LVMH vient tout juste de racheter le joaillier Bulgari et qu'EDF négocie pour prendre le contrôle du groupe d'énergie Edison, cette nouvelle offensive française suscite une levée de boucliers dans la Péninsule qui craint de se faire ravir un autre joyau économique.
A peine cinq jours plus tard, Lactalis rachète 15,3% supplémentaires à des fonds, parvenant ainsi à près de 29%, une part qui lui suffit pour prendre de facto le contrôle de Parmalat.
Mais Rome contre-attaque et autorise Parmalat à repousser son assemblée, initialement prévue en avril, à la fin du mois de juin afin de laisser le temps à des banques et à la Caisse des dépôts, contrôlée par l'Etat, de mettre sur pied une alliance italienne pour contrer Lactalis.
Face à cette opposition, Lactalis finit par annoncer le lancement d'une OPA le 26 avril, jour d'un sommet franco-italien à Rome, obligeant les Italiens à jeter l'éponge.
Parmalat a rejeté cette offre à 2,60 euros par titre qui le valorise à environ 4,5 milliards d'euros mais qui est inférieure aux 2,80 euros par titre payés par Lactalis en mars pour racheter les 15,3% des fonds. Le français s'est refusé à toute surenchère.
Le succès de cette OPA a été conditionné initialement à la détention d'au moins 55% du capital mais les conditions peuvent être modifiées.
Pour le moment, très peu de titres (2,1% lundi) ont été apportés mais selon certains observateurs, Lactalis, dont la dette s'élève à 4,3 milliards d'euros et qui contrôlera déjà Parmalat, aurait toutefois intérêt à ce que l'adhésion ne soit pas trop élevée pour ne pas faire exploser son endettement.