La croissance économique de la France, malgré une récente accélération, risque d'être insuffisante pour faire reculer rapidement le chômage, a estimé l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié lundi.
Selon cette étude économique sur la France, le gouvernement doit annoncer sans attendre des mesures précises pour diminuer le déficit public, notamment par une nouvelle réduction des niches fiscales voire, si besoin, par le relèvement de certains impôts.
L'OCDE a révisé à la hausse sa prévision de croissance pour la France.
"Nos projections indiquent une croissance réelle de l'ordre de 2% cette année, voire un peu plus", contre 1,6% attendu auparavant, a déclaré son secrétaire général, Angel Gurria, lors d'une conférence de presse au siège de l'OCDE à Paris.
A son côté, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a souligné que cela rejoignait la prévision du gouvernement, "que nous maintenons bien sûr à 2%". Elle n'a pas souhaité dire si la prévision de croissance de 2,5% pour 2012, jugée trop optimiste par la plupart des économistes, serait révisée.
"Les performances économiques de la France s'inscrivent entre la moyenne européenne et celle des pays du G7. C'est honorable (...) mais évidemment il faut dépasser cette moyenne", a dit Angel Gurria.
"La reprise est enclenchée, c'est un fait avéré. Mais elle reste modérée relativement à l'ampleur du choc subi", a-t-il ajouté.
Dans son étude, l'organisation qui réunit les principaux pays riches de la planète salue la "réaction appropriée" des autorités françaises face à la crise mondiale. Elle souligne toutefois que "la croissance pourrait être modérée pendant plusieurs années".
"Ce rythme sera sans doute insuffisant pour faire refluer rapidement le chômage", insiste l'OCDE, plaidant pour la poursuite "des réformes structurelles stimulant l'emploi".
L'autre priorité doit être de "rompre définitivement avec la dérive des comptes publics".
La France s'est engagée à ramener son déficit public de 7% du produit intérieur brut (PIB) en 2010 à 5,7% cette année, puis 4,6% en 2012, 3% en 2013 et 2% en 2014. Christine Lagarde a confirmé lundi ces engagements.
Ce rythme "est approprié", estime l'OCDE.
"Mais les mesures permettant d'y parvenir doivent être rapidement précisées, détaillées", a déclaré Angel Gurria. "Il importe désormais que le gouvernement annonce précisément comment atteindre ces objectifs de moyen terme, et adopte effectivement les mesures correspondantes", insiste l'OCDE.
Si l'organisation plaide en priorité sur une diminution des dépenses publiques, "à court terme" elle juge que "l'effort devra sans doute porter" aussi sur les recettes, notamment en continuant "d'élaguer les niches fiscales et sociales inefficaces". Selon elle, le gouvernement doit aussi "envisager de relever les impôts les moins nocifs, notamment les taxes sur les externalités environnementales, la propriété et la TVA".
Concernant la TVA, Angel Gurria a estimé qu'il fallait "en priorité" s'attaquer aux taux réduits, comme dans la restauration ou le bâtiment.
La ministre française a répondu que le gouvernement continuerait à "limiter, plafonner, réduire les niches fiscales" mais qu'il n'envisageait pas de relever des impôts.