Démarrage décalé d'une semaine, multiplication des promotions sur l'année qui diminuent l'impact, clients aux budgets résolument serrés: les soldes d'hiver resteront comme un cru morose à quelques exceptions près, comme pour l'e-commerce toujours en hausse.
Les soldes d'hiver, qui s'achèvent mardi, n'auront "rien d'exceptionnel", résume Evelyne Chabalier de l'Institut français de la mode selon laquelle la campagne devrait s'achever sur une petite hausse de 1%.
"Il y a clairement une morosité ambiante" chez les consommateurs, explique à l'AFP Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC) qui table de son côté sur une baisse des ventes de 1%.
La Fédération nationale de l'habillement (FNE) parle d'un bilan "autour de 0%, en légère baisse" par rapport à l'hiver 2010.
Et encore, la vague de froid fin janvier a ravivé la demande en manteaux bien chauds.
Les raisons de cette campagne en demi-teinte sont multiples, à commencer par des soldes plus tardives que l'an passé: les soldes ont débuté le 12 janvier, contre le 6 janvier en 2010.
Pour accélérer le déstockage, certains commerçants ont entrepris des démarques plus importantes et plus tôt que l’an dernier, souligne la FNH (magasins indépendants).
"On pensait qu'il y aurait un report plus important des achats de décembre sur janvier, après les intempéries de fin d'année. Cela s'est passé les premiers jours mais les ventes se sont écroulées après", explique M. Silberstein qui espérait "un cru positif".
Pour la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, "les objectifs n'ont pas été atteints" entre baisse de fréquentation et conjoncture économique toujours incertaine, alors que la saison automne-hiver n'a pas été au rendez-vous.
La multiplication des promotions a aussi diminué l'impact des soldes saisonniers, selon les professionnels.
Un commerçant sur deux à Paris a fait des promotions avant les soldes pour anticiper la date tardive, selon la CCI.
A tout cela s'est ajouté l'attentisme des Français aux budgets toujours serrés et qui sont toujours à la recherche des meilleures affaires possibles.
La FNH note ainsi que la 3e démarque allant jusqu'à 60% et plus "a fait revenir les clients et permis d'écouler encore du stock" comme le week-end dernier.
M. Silberstein juge en outre que "les annonces gouvernementales toutes les 48 heures sur la fiscalité future ont aussi tendance à déstabiliser le consommateur".
En fait, selon Evelyne Chabalier, "une des leçons de 2010 est l'écart marqué entre les clientèles plus populaires qui font attention aux prix toute l'année et le moyen-haut de gamme qui marche bien".
Au Printemps par exemple, les soldes d'hiver 2011 sont qualifiés d'"exceptionnels" avec une progression globale de 10%, mais +13% environ pour le magasin Haussmann à Paris.
En plus des ventes aux touristes étrangers, asiatiques notamment, la porte-parole du groupe parle des effets positifs "des rénovations de magasins et de leur montée en gamme sur des secteurs qui surperforment comme les accessoires et la mode".
L'autre grand gagnant, comme habituellement, est l'internet, un "concurrent notamment en période de soldes où ils ont été agressifs en terme de prix", selon M. Silberstein.
Le baromètre de la fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), publié lundi, montre une progression de 13% des soldes online sur les quatre premières semaines comparées à la même période de 2010. Les commandes sont en hausse de 14%.
Seul le montant moyen des commandes stagne: 109 euros contre 110 euros en 2010. Preuve encore de la chasse aux prix.