Les républicains du Congrès tentaient mardi une manoeuvre à la hussarde jugée "irresponsable" par les démocrates: rejeter une augmentation nécessaire de l'endettement des Etats-Unis si de lourds sacrifices budgétaires n'y sont pas attachés.
La Chambre des représentants devait tenir dans la soirée un vote test pour relever de 2.400 milliards de dollars le plafond maximal d'endettement des Etats-Unis, au moment où le Congrès est incapable de s'entendre sur le niveau des dépenses de l'Etat fédéral.
La mesure a été déposée la semaine dernière par les adversaires républicains du président Barack Obama, qui détiennent la majorité à la Chambre depuis janvier. Mais ils ont appelé à voter contre et le texte devrait donc être rejeté.
But de la manoeuvre: montrer que tout vote sur le relèvement du plafond de la dette doit s'accompagner, selon eux, de baisses des dépenses, ce qui n'est pas le cas du texte proposé, et faire passer les démocrates pour d'irresponsables dépensiers.
"Le secrétaire (au Trésor, Timothy) Geithner et plus de 110 démocrates de la Chambre ont réclamé à de nombreuses reprises" (le relèvement du plafond de la dette), a estimé mardi dans un courriel Laena Fallon, porte-parole du chef de la majorité républicaine Eric Cantor.
Le relèvement du plafond de la dette est nécessaire, selon le Trésor, pour éviter un défaut de paiement qui aurait des conséquences néfastes sur l'économie américaine, qui se remet à peine d'une grave crise financière.
Côté démocrate, plusieurs élus ont jugé "irresponsable" de susciter un vote sur une mesure pour ensuite voter contre.
Le numéro deux démocrate de la Chambre, Steny Hoyer a appelé les élus de son parti à voter "non", dénonçant le caractère "démagogique" de la manoeuvre.
A la Maison Blanche, le porte-parole Jay Carney s'est borné à dire que "le plafond de la dette doit être et sera relevé". Il a ajouté qu'il pensait que le président aurait suffisamment de voix à terme pour faire adopter cette mesure lorsqu'elle fera l'objet d'un accord entre les deux partis.
Depuis plusieurs semaines, démocrates et républicains sont engagés dans de difficiles négociations autour des réductions budgétaires. Les démocrates rejettent les coupes claires réclamées par les républicains, notamment sur le Medicare (assurance santé pour les personnes âgées).
Les négociations entre les deux partis devaient se poursuivre mardi, sous la houlette du vice-président Joe Biden.
Le sénateur démocrate Robert Menendez et 19 de ses collègues lui ont écrit pour lui demander d'insérer dans tout accord sur le relèvement du plafond de la dette une mesure mettant fin aux avantages fiscaux accordés aux grandes compagnies pétrolières.
"Nous devons tous faire des sacrifices pour réduire le déficit, y compris les plus riches et les plus puissants d'entre nous", écrivent les sénateurs dans cette lettre destinée à rappeler que les républicains défendent les avantages des grands groupes pétroliers.
La limite actuelle de la dette fixée par le Congrès est de 14.294 milliards de dollars. Or, ce montant a été atteint le 16 mai, selon le département du Trésor, qui a bloqué la progression de la dette juste sous cette limite. Désormais, le Congrès a jusqu'au 2 août pour se mettre d'accord sur un relèvement du plafond.
Les 2.400 milliards de dollars du texte discuté mardi représentent la somme nécessaire pour la poursuite des opérations de l'Etat fédéral jusqu'à la fin de 2012.
Le déficit budgétaire américain devrait atteindre environ 1.600 milliards de dollars cette année.